à Avallon, Kyllian, 19 ans, veut retrouver « la France d’avant »

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On a croisé Prune, 18 ans, un beau visage rond et de grands yeux pétillants, dans une rue d’Avallon (Yonne). Elle sortait tout juste de l’épreuve de philo du baccalauréat et s’en allait d’un pas joyeux rejoindre son amoureux. Elle était emballée par le sujet proposé : « L’Etat nous doit-il quelque chose ? » « Un thème politique, c’était pile ce que j’espérais, j’ai cité Hobbes et Rousseau, et j’avais plein de choses à dire. » Au lycée, elle a souvent bataillé avec ceux qui « ne s’intéressent à la politique que sur TikTok, répètent que la France va mal, que les délinquants sont toujours les mêmes, que le RN [Rassemblement national] est révolutionnaire, et qu’il va relancer le pouvoir d’achat. Entendre ça, ça me désole. J’ai lu la biographie de Simone Veil et on a l’impression de revivre la même chose, le rejet de tout ce qui n’est pas français de souche ».

Kyllian Daniel (19 ans) et Prune Baron-Baland (18 ans) ont grandi dans des villages différents, à la périphérie d’Avallon. Au premier tour des législatives, le dimanche 30 juin, Kyllian a voté pour le Rassemblement national, tandis que Prune a voté contre. A Avallon (Yonne), le 28 juin 2024. Kyllian Daniel (19 ans) et Prune Baron-Baland (18 ans) ont grandi dans des villages différents, à la périphérie d’Avallon. Au premier tour des législatives, le dimanche 30 juin, Kyllian a voté pour le Rassemblement national, tandis que Prune a voté contre. A Avallon (Yonne), le 28 juin 2024.

Pour les élections, Prune Baron-Baland s’est « vraiment informée », a lu « tous les programmes pour avoir des arguments ». Elle se sent « profondément de gauche », en veut à Jean-Luc Mélenchon de « tout gâcher » et vote socialiste. A la rentrée, elle rejoindra la fac de droit de Dijon. « Procureure, c’est l’objectif. Ou alors le droit animalier, par rapport à l’environnement. » Et puis, tout à trac, Prune a ajouté : « Avec mon copain, on n’arrête pas de s’embrouiller. Il vote RN. » Devant notre air surpris, elle a souri. « C’est vrai que mon père et ma mère, ils n’auraient jamais pu être copains avec quelqu’un qui vote Le Pen. »

La discussion s’est poursuivie quelques jours plus tard, dans un café. Prune est arrivée main dans la main avec Kyllian. Il a 19 ans, des bras costauds moulés dans un tee-shirt blanc et suit en alternance un BTS de management à Dijon. Plus tard, il veut être directeur de magasin, « un Auchan par exemple. Le but, c’est vraiment d’aller au plus haut. Etre le boss, quoi ! ». On parle politique : « Moi, je suis à fond Bardella. » « Tu votes comme ton père, en fait », soupire Prune. « Oui, lui, il est RN depuis toujours, ou des fois Jean Lassalle, pour rigoler. » Le père de Kyllian Daniel est cariste chez Schiever, le plus gros pourvoyeur d’emplois dans l’Yonne, dont sept cents sur le bassin d’Avallon. Sa mère, « plutôt macroniste », travaille au service commercial de L’Yonne républicaine.

« Je me considère pas comme raciste »

« Moi, je voterai jamais pour la gauche, elle n’a pas mes valeurs, dit-il. Mes valeurs, c’est la France. La France d’avant. Comment vous expliquer ? Avant, c’était mieux. Il y avait moins de meurtres, moins d’agressions…
– Tu n’en sais rien !
, l’interrompt Prune.
– Si, si, il y avait moins de problèmes. Juste en bas de là où j’habite, à Dijon, il y a un point de deal. Et une épicerie arabe, à côté, qui est sous procédure judiciaire.
– Bon, et ça change quoi à ta vie ?
,  demande-t-elle.
– Rien. Mais imagine s’il y a un règlement de comptes ! »

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