sur les plateaux télé, la politique des cris et des invectives

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« Je n’aime pas la France et j’aime le Hamas ? Oui ou non ? Parce que, maintenant, ça suffit, les conneries ! » Il est 23 h 38, dimanche 30 juin, sur le plateau de BFM-TV, quand Raquel Garrido, à bout, se met tout à coup à crier sur sa voisine de gauche, Laure Lavalette. La députée sortante « insoumise » de Seine-Saint-Denis a fini par sortir de ses gonds après les accusations répétées de la porte-parole du Rassemblement national (RN), réélue dans le Var, qui considère notamment que son opposante politique se range du côté de « ceux qui aiment le Hamas ». La séquence, d’une rare agressivité, est à l’image de la soirée électorale de ce premier tour des législatives anticipées, dominée par un climat de forte tension sur tous les plateaux de télévision. Une ambiance électrique au terme d’une campagne express de trois semaines où le fond du débat a été noyé dans les invectives, les accusations mutuelles de trahison, d’antisémitisme et de sectarisme.

Plus tôt, sur la même chaîne, c’était Manon Aubry, eurodéputée de La France insoumise (LFI), et Julien Odoul, autre porte-parole du RN, également réélu dès le premier tour, dans l’Yonne, qui s’entraînaient mutuellement dans une spirale de logorrhée acerbe, se traitant réciproquement d’« escroc » et d’« antirépublicain », tandis que les deux journalistes sur le plateau peinaient à réguler les échanges. Le même Julien Odoul qui, ensuite, assénait tranquillement à Clémentine Autain, réélue en Seine-Saint-Denis sous la bannière du Nouveau Front populaire, que la République qu’elle défend, « c’est la République islamique ». Réponse outrée de l’intéressée : « Non, mais ça va bien ? Vous allez bien ? Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? »

« Erreur de Rima »

On se demande, nous aussi, si certains responsables politiques qui s’expriment ces jours-ci mesurent bien la teneur et la portée de leurs propos, tant les frontières du dicible dans le débat public semblent complètement perdues de vue. « Traître », « QI de poule »…, les noms d’oiseaux volent bas aussi sur les réseaux, où certains alliés du camp macroniste se lâchent d’autant plus qu’ils ne sont pas en course pour une circonscription. Ainsi, Benjamin Griveaux (qui a officiellement quitté la politique après la divulgation de vidéos à caractère sexuel en février 2020) ne se prive pas de distribuer les insultes sur son compte X à destination de LFI.

Ou encore Anne-Yvonne Le Dain, députée socialiste de 2012 à 2017 avant de se rallier au camp Macron, qui dégaine aveuglément des injures sur X à l’attention de l’eurodéputée LFI Rima Hassan, sans se rendre compte qu’elle s’adresse en fait à Rima Abdul Malak, ex-ministre de la culture, pourtant du même bord qu’elle – un message supprimé dans la demi-heure, son autrice plaidant une « erreur de Rima ».

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