Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 h 30. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement en cliquant ici.
La question du jour
« Bonjour, j’ai souvent entendu dire dans cette campagne des législatives que les éoliennes ne servaient à rien. Le président du RN Jordan Bardella a dit l’autre jour dans un débat à la télé qu’elles ne tournaient que 25 % du temps. Est-ce que c’est vrai ? » Question posée par Linkedin par Auguste
Ma réponse : Non, c’est faux. Les éoliennes fonctionnent en moyenne entre 75 % et 95 % du temps, selon l’Ademe. Le chiffre de 25 % fait référence au facteur de charge moyen des éoliennes, dont je vous parlerai plus bas.
1/Combien de temps tournent les éoliennes ?
En France, l’éolien représente environ 11 % de notre production d’électricité – à peu près autant que les barrages hydroélectriques. Les éoliennes tournent entre 75 % et 95 % du temps mais ne peuvent fonctionner quand le vent souffle à moins de 10 km/h – il n’est pas assez puissant pour faire tourner les pales – ou quand il souffle trop fort – au-delà de 110 km/h, cela peut endommager la machine. En moyenne, une éolienne est arrêtée environ une dizaine de jours par an pour ces raisons.
Mais les pales ne tournent pas pour autant toute l’année à pleine puissance : cela dépend de la vitesse du vent, mais aussi du type de machine installée. Le chiffre de 25 % correspond à ce qu’on appelle le facteur de charge. Là, il faut s’accrocher pour bien comprendre : il s’agit du ratio entre l’énergie produite pendant une période donnée et l’énergie qu’elle aurait pu générer si elle avait tourné à sa puissance maximale sur cette même période. Ce qui veut dire en français courant : sur une année donnée, une éolienne produit en moyenne 25 % de la puissance maximale théorique qu’elle aurait pu produire.
Tout ceci est bien expliqué dans cette brochure de l’Ademe, l’agence de la transition, intitulée sobrement « Tout comprendre : l’éolien ».
On est très loin de l’affirmation de Jordan Bardella – et d’autres responsables politiques qui font le même raccourci. La preuve : la part de l’éolien dans la production d’électricité française n’a cessé d’augmenter. En 2013, les éoliennes produisant 15 térawattheures par an, en 2023, elles sont à 50 térawattheures – soit l’équivalent de sept ou huit réacteurs nucléaires.
Je vous recommande pour en savoir plus le livre très pédagogique de Cédric Philibert Eoliennes, pourquoi tant de haine ? (Les Petits Matins).
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