Le gouvernement réévalue sa prévision du déficit pour 2024 à 5,1 % du PIB

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Le gouvernement a réévalué sa prévision du déficit à 5,1 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2024, au lieu des 4,4 % espérés, dans le nouveau programme de stabilité dévoilé par le ministère des finances, mercredi 10 avril. Selon les prévisions de Bercy, le déficit public doit revenir à 2,9 % en 2027.

De quoi faire craindre à une partie de l’opposition « un plan caché sur les impôts des Français », alors que la majorité se déchire sur la marche à suivre face au dérapage du déficit public.

Il avait déjà sévèrement dérapé à 5,5% au lieu des 4,9% prévus en 2023, en raison principalement de recettes moindres que celles attendues. La semaine dernière, sur La chaîne parlementaire (LCP), le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve, avait jugé « très probable que l’objectif de 4,4% en 2024 ne soit plus du tout l’objectif prévu » dans le nouveau programme.

En février, pour rétablir d’urgence la situation, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, avait annoncé dix milliards d’euros d’économies sur le budget de l’Etat cette année : c’est le maximum qui pouvait être taillé par décret, sans avoir à passer par une loi de finances rectificative au Parlement.

Selon une information des Echos, confirmée à l’Agence France-Presse, M. Le Maire a fait passer à plusieurs parlementaires ce week-end un message en vue de la mise en place d’une telle loi de finances rectificative. Mais cette initiative a fortement mécontenté le président de la République, Emmanuel Macron, et le premier ministre, Gabriel Attal, qui ne sont pas sur cette ligne.

« Il n’y aura pas d’augmentation d’impôt »

Faute de pouvoir prendre des mesures d’économies plus drastiques que les 10 milliards, il serait logique que le déficit ne se résorbe que très peu cette année, alors que la croissance n’est de surcroît attendue qu’à 1%. Pour 2025, le gouvernement a déjà annoncé 20 milliards d’économies sur l’ensemble des trois postes (Etat, Sécu, collectivités).

Les collectivités semblent récalcitrantes et ont expliqué mardi à M. Le Maire, lors d’une réunion à Bercy, qu’elles avaient déjà « largement donné ». Il n’est par ailleurs toujours pas question d’augmenter les impôts pour combler le trou, comme Gabriel Attal et Bruno Le Maire l’ont répété en choeur mardi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. « Il n’y aura pas d’augmentation d’impôt sur les Français, la ficelle est un peu grosse à vouloir faire croire l’inverse », a lancé M. Attal au patron des LR Eric Ciotti qui dénonçait « un plan caché » de hausses d’impôts.

« Nous ne voulons pas augmenter les impôts des Français, pas pour “faire des cadeaux aux riches” mais parce que la stabilité fiscale permet aux entreprises d’investir, de créer des emplois, de relancer la puissance économique française », a affirmé M. Le Maire. M. Attal a cependant lancé la semaine dernière une « task-force » parlementaire chargée de faire des propositions pour taxer « les rentes », notion encore à définir.

De quoi inciter une partie de l’opposition à dénoncer un double discours du gouvernement. « On sait déjà que le gouvernement a menti […] pour le budget 2024, on a le sentiment qu’il nous ment encore sur les mesures qu’il compte proposer », s’est agacé mercredi Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, sur Franceinfo.

Le Maire prédit « un élan économique puissant en 2025 et 2026 »

« Un budget c’est comme un barbecue, vous avez un type qui le fait puis tout le monde autour qui donne son avis », a ironisé mercredi l’ex-ministre des transports, Clément Beaune, sur France 2, pour qui « il n’y a pas lieu d’agiter des peurs. »

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Pour réduire le ratio du déficit public, le gouvernement, outre les économies et la taxation des rentes, n’a plus qu’à espérer que le dénominateur du déficit public, c’est-à-dire le PIB, augmente fortement dans les prochaines années. Bercy prévoit jusqu’à présent une croissance à 1,7% pour 2025 et 2026, et 1,8% en 2027.

La semaine dernière, Bruno Le Maire a prédit devant des entrepreneurs « un vrai élan économique puissant en 2025 et 2026 ». Après la divulgation de ses principales hypothèses mercredi, celui-ci sera présenté en conseil des ministres le 17 avril, et débattu au Parlement les 29 et 30 avril, ont annoncé le ministre du budget, Thomas Cazenave, et Bruno Le Maire.

Le Monde avec AFP

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