Les entreprises chinoises, soutenues par Pékin, investissent massivement dans de nouvelles usines de production de puces dites « matures ». Il s’agit de semi-conducteurs moins avancés, fabriqués avec des technologies éprouvées, mais très utilisées dans de nombreuses industries. La Commission européenne a lancé une consultation la semaine passée pour évaluer le risque de dépendance à la Chine dans ce domaine.
Bloquée dans sur le plan des puces avancées, la Chine déploie une autre stratégie
« L’industrie automobile en particulier, y compris l’industrie allemande, a besoin de beaucoup plus de puces fabriquées à l’aide de technologies plus simples et connues depuis longtemps », a expliqué Christophe Fouquet, PDG d’ASML, au quotidien économique allemand Handelsblatt lundi.
ASML, première entreprise technologique du continent européen, est en première ligne sur le dossier ouvert par Bruxelles le 5 juillet. Elle fournit les machines qui permettent de fabriquer ces puces. L’entreprise a reçu l’interdiction par son gouvernement, celui des Pays-Bas, de vendre ses outils les plus perfectionnés en Chine. Dans la lignée et sous la pression de Washington.
Malgré des milliards de dollars d’investissements depuis 10 ans, les technologies en question sont tellement complexes que la Chine peine à rattraper son retard. Le domaine des puces matures a l’avantage d’être beaucoup plus accessible.
« L’Europe ne peut même pas satisfaire la moitié de ses besoins. Nous avons donc besoin de cela d’ailleurs – et les usines nécessaires sont actuellement en construction en Chine », rapporte Christophe Fouquet. Le français est arrivé à la tête d’ASML en avril.
La Commission européenne a commencé à consulter l’écosystème des semi-conducteurs et ses clients sur l’expansion de la production chinoise. Il s’agit, après notamment les véhicules électriques, d’un nouveau secteur où Bruxelles pourrait sévir contre Pékin. La Chine est accusée de subventionner les entreprises dont les produits inondent ensuite la planète.
Les puces matures sont incontournables
Secoués par la pénurie de composants du début de la décennie, l’Europe et surtout les États-Unis ont concentré leurs plans de soutiens à la fabrication de puces avancés. Délaissant peut-être un peu ces fameuses puces matures. Elles sont certes moins valorisées, moins rentables, mais représentent environ 70 % des ventes en termes de produits.
Le groupe industriel SEMI anticipe une augmentation de la production chinoise de 14 % d’ici 2025, deux fois plus vite que le reste de la planète rapporte Reuters. Pour Christophe Fouquet « Il ne sert à rien d’empêcher quelqu’un de produire quelque chose dont vous avez besoin ».
Le PDG plaide auprès d’Handelsblatt pour la recherche de solutions autres, « Lorsqu’il s’agit du gaz russe, les gens comprennent qu’il faut trouver des alternatives, mais pas encore lorsqu’il s’agit des chips ».