Il est l’entrepreneur le plus prospère du Nigeria et même l’homme le plus riche d’Afrique. Pour autant, faut-il croire Aliko Dangote lorsqu’il affirme que les « problèmes » de son pays « ne sont pas si graves » ?
Jeudi 4 juillet, le milliardaire nigérian s’adressait à une poignée de journalistes en des termes résolument optimistes. « L’économie peut être redressée en quelques mois et je pense que nous sommes sur la bonne voie », assurait l’homme d’affaires, à la tête d’un conglomérat actif dans le ciment, la farine ou les hydrocarbures, et désormais membre d’un nouveau conseil de coordination économique chargé d’épauler le président du Nigeria, Bola Tinubu.
Outre l’inauguration de ce cabinet d’experts, le chef de l’Etat a annoncé jeudi un plan massif de 2 000 milliards de nairas (1,2 milliard d’euros) pour stimuler la croissance. Et tenter de surmonter une crise qui, quoi qu’en dise M. Dangote, secoue le géant d’Afrique de l’Ouest avec une rare intensité. Il y a encore deux ans, le Nigeria était la plus grosse économie du continent.
En 2024, son produit intérieur brut (PIB) aura tant fondu qu’il devrait être relégué à la quatrième place, derrière l’Afrique du Sud, l’Egypte et l’Algérie, selon le Fonds monétaire international (FMI). La devise nationale, le naira, a perdu 70 % de sa valeur face au dollar en un an. L’inflation, à 34 % au mois de mai, se situe à son niveau le plus élevé depuis près de trois décennies. Et les prix alimentaires flambent encore plus vite que le reste, empêchant des millions de Nigérians de se nourrir correctement.
Des causes structurelles
Une partie des difficultés a des causes structurelles. Le mauvais état des routes et l’insécurité qui gangrène de nombreuses régions du pays pénalisent gravement la production et la distribution des produits agricoles. Depuis des années, les ménages et les entreprises doivent composer avec des infrastructures déficientes et un approvisionnement électrique très instable.
Mais les troubles n’ont fait que s’accentuer sous le choc des réformes lancées par le président Tinubu, depuis son arrivée au pouvoir en mai 2023. Au premier rang, le retrait partiel des subventions au carburant et la libéralisation du taux de change du naira, assortie de plusieurs dévaluations. Ces mesures drastiques ont brutalement érodé le pouvoir d’achat au sein du pays le plus peuplé du continent, avec près de 220 millions d’habitants.
M. Tinubu répète avoir agi dans le seul but de corriger des distorsions de marché qui décourageaient l’investissement et la croissance. « L’économie avait besoin d’une intervention chirurgicale rapide pour éviter d’être plongée dans l’abîme, comme cela s’est produit au Zimbabwe et au Venezuela », a défendu mi-juin l’un de ses proches conseillers, Bayo Onanuga.
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