Les autorités sud-africaines jugées responsables de la mort de patients psychiatriques

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Le tribunal de Pretoria a estimé, mercredi 10 juillet, que la négligence de deux membres du gouvernement sud-africain avait causé la mort d’une partie des patients psychiatriques décédés après leur transfert en 2016 vers des centres de soin non agréés. Entre 2016 et 2017, au moins 144 patients psychiatriques sont ainsi décédés de pneumonie, de déshydratation ou de diarrhée.

Plus de 1 300 patients avaient été transférés à la hâte vers 27 structures « mal préparées » et comparées à des « camps de concentration » dans le cadre d’une mesure de réduction des coûts, d’après une enquête gouvernementale. Les familles n’avaient pas été averties du transfert de leurs proches. Cette tragédie avait fortement marqué les esprits en Afrique du Sud ces dernières années.

En octobre 2015, le département de la santé de Gauteng, province où se trouvent les villes de Johannesburg et Pretoria, avait annoncé la résiliation de ses contrats avec plusieurs hôpitaux Esidimeni, spécialisés dans les hospitalisations psychiatriques de long terme.

Qedani Mahlangu, la cheffe du département de santé de la province de Gauteng, avait pris cette décision « malgré les nombreux conseils d’experts et les avertissements des professionnels », a déclaré, Mmonoa Teffo, juge du tribunal de première instance. Elle a démissionné à la suite du scandale. « Sa conduite a mené à des décès regrettables et malheureux, dont certains auraient pu être évités », a déclaré la juge.

« Morts évitables »

Un rapport de l’organisation de contrôle sanitaire du pays a révélé que les centres ne fournissaient pas suffisamment d’eau et de nourriture aux patients les plus faibles, les laissant gravement sous-alimentés. Certains sont morts de déshydratation.

La cheffe du département de santé mentale de la province, Makgabo Manamela, avait également inspecté les centres des soins qui étaient « mal équipés ». « Elle a créé les circonstances qui ont rendu ces morts inévitables », a ajouté la juge. Interrogé par une télévision locale, Andrew Pieterson, un proche de l’une des victimes, considère que les autorités « doivent être tenues pour responsables » pour ce drame.

En 2018, le gouvernement sud-africain avait annoncé avoir conclu un accord pour dédommager chaque famille à hauteur de 200 000 rands (10 200 euros). La somme visait à compenser les frais funéraires ainsi que les traumatismes émotionnels et psychologiques engendrés par le drame. Certaines familles n’ont toujours pas été totalement indemnisées, d’après Andrew Pieterson. « Le ministère de la santé répondra officiellement et publiquement après avoir étudié le jugement ainsi que ses implications », a déclaré Foster Mohale, porte-parole du ministère de la santé, à l’AFP.

Le Monde avec AFP

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