Des affrontements entre militaires congolais et miliciens Mobondo ont fait plus d’une quarantaine de morts dans le village de Kinsele, à quelque 130 kilomètres à l’est de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa, a-t-on appris dimanche 14 juillet de sources locales.
Le décompte des morts « a déjà atteint quarante-deux miliciens Mobondo, neuf militaires et une femme », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) David Bisaka, un député de la province de Maï-Ndombe, où est situé Kinsele. « Nous sommes en train de ramasser les corps », a-t-il expliqué en précisant que les dépouilles des militaires « ont déjà été acheminées dans les morgues de Kinshasa » et que « celles des miliciens gisent encore sur le sol de Kinsele ».
Une source sécuritaire travaillant dans le Maï-Ndombe évoque un bilan global de quarante et un morts et explique que cet affrontement mortel intervient alors que la zone, située dans la grande périphérie de Kinshasa, connaît un regain de violence depuis le 10 juillet.
En 2022, des tensions intercommunautaires entre les Teke, qui se considèrent comme propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo, et les Yaka, venus s’installer après eux, se sont transformés en affrontements et en massacres. Présentés comme membres de la communauté Yaka, les Mobondo sont accusés de prendre une part active dans ces violences qui ont fait des centaines de morts, de part et d’autre.
Circonstances contradictoires
Depuis mi-2023, l’Etat interdit à tout journaliste d’enquêter sur ce conflit. Préalablement, plusieurs équipes de journalistes, dont celle de l’AFP, avaient été empêchées par les services de sécurité congolais d’entrer dans la province de Maï-Ndombe.
Les témoignages en provenance de la zone où ont eu lieu les affrontements samedi divergent sur les circonstances. Certains accusent les Mobondo d’avoir lancé un assaut contre la position des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) à Kinsele, au cours duquel les miliciens auraient trouvé la mort. D’autres rapportent que les FARDC avaient lancé une opération de ratissage ces derniers jours, en réponse à des incursions de miliciens Mobondo autour de Kinsele.
Joint par téléphone, un agent de l’Etat en poste à Kinsele a déclaré sous couvert d’anonymat que, vers 5 heures (6 heures, heure de Paris) samedi, les « Mobondo ont attaqué les forces armées de la RDC », qu’ils accusent d’avoir « pris parti pour le peuple Teke ». Ce témoin a avancé un bilan de plus de soixante-dix morts au cours de l’attaque.
Des experts de l’ONU déclaraient en décembre 2023 que « plus de 1 000 combattants du Maï-Ndombe et alentours, y compris des Mobondo qui se sont rendus, ont été enrôlés, entraînés et envoyés au Nord-Kivu pour combattre le M23 », une rébellion à dominante tutsi qui, avec l’armée rwandaise, s’est emparée de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC.
« L’absence d’obligation de rendre des comptes pour les auteurs et les instigateurs présumés des crimes renforce la méfiance entre les communautés et entraîne de nouvelles atrocités », déplorait l’ONG Human Rights Watch en 2023 à propos de la situation dans le Maï-Ndombe.