En Ouganda, des dizaines de personnes arrêtées lors d’une manifestation contre la corruption

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Des dizaines de personnes ont été arrêtées à Kampala, mardi 23 juillet, et placées en détention pour avoir bravé une interdiction de manifester contre la corruption en Ouganda. Une soixantaine de personnes, dont un célèbre présentateur de radio-télévision et trois jeunes leaders de la contestation, ont été déférées en comparution immédiate et inculpées de délits, notamment de « nuisance », ont dit leurs avocats.

Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, avait adressé une mise en garde samedi et prévenu les manifestants qu’ils « jouaient avec le feu ». « Certaines personnes ont défié les directives de la police », qui avait demandé de « ne pas participer à la marche vers le Parlement », et ont été « interrogées », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police, Kituuma Rusoke, sans préciser le nombre de personnes arrêtées.

Le mouvement, organisé hors de tout cadre politique, a pris forme sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #StopCorruption. Inspirés par le soulèvement de la jeunesse au Kenya, depuis le 18 juin, contre un projet de budget décrié, de jeunes Ougandais avaient appelé à marcher vers le Parlement. Les rassemblements étaient constitués de petits groupes épars de quelques personnes. La police antiémeute, massivement déployée à Kampala, avait érigé des barrages routiers dans le quartier d’affaires de la capitale et bouclé les alentours du Parlement.

« Nous sommes fatigués de la corruption », a lancé un manifestant arrêté, Samson Kiriya, du fourgon de police dans lequel il avait été embarqué. Selon l’ONG Transparency International, l’Ouganda pointe au 141e rang sur 180 en matière de corruption.

Trois députés arrêtés

Trois organisateurs, George Victor Otieno, Kennedy Ndyamuhaki et Praise Aloikin Opoloje, « ont été arrêtés pendant qu’ils marchaient vers le Parlement », déférés et inculpés, ainsi qu’un présentateur de radio-télévision, Faiza Salima, un influenceur et un médecin, a déclaré à l’AFP l’avocat Ashraf Kwezi. Les trois derniers ont été « inculpés d’un délit léger de nuisance et de désordre », mais « ils ont rejeté ces accusations ». Ils doivent rester en détention jusqu’au 30 juillet, a précisé Me Kwezi.

Selon le président de l’Uganda Law Society, Bernard Oundo, 50 personnes ont été inculpées devant un tribunal de Kampala et comparaîtront de nouveau entre le 30 juillet et le 8 août. Cinq autres ont été inculpées par un tribunal distinct de la capitale, selon leur avocate Patience Muwanguzi, qui a dénoncé « un procès précipité » et des incarcérations sans possibilité de libération sous caution.

Plusieurs manifestants arrêtés avaient notamment crié « Anita must go ! » (Anita doit partir), ciblant Anita Among, la présidente du Parlement, a constaté un journaliste de l’AFP. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont sanctionné cette année Mme Among et trois anciens ou actuels ministres pour corruption présumée, en particulier dans une affaire de vol de plaques de tôle destinées à la construction de logements sociaux. Mme Among n’est pas poursuivie en Ouganda.

Chercheur à Human Rights Watch (HRW) en Ouganda, Oryem Nyeko estime que ces arrestations sont « le reflet de la situation actuelle de l’Ouganda en matière de respect des droits » : « Le gouvernement ne devrait pas arrêter des gens parce qu’ils critiquent la façon dont le pays est dirigé, mais plutôt entendre leurs doléances et prendre les mesures adéquates. »

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Lundi, les autorités ougandaises ont fait arrêter trois députés d’opposition au siège de la Plateforme d’unité nationale (NUP), le parti de Bobi Wine, ancien candidat à la présidentielle de 2021. Celui-ci a apporté son soutien au mouvement #StopCorruption. « Salut à tous ceux qui ont courageusement marché et marchent encore contre la corruption et la mauvaise gestion, même face aux actions très brutales de l’armée et de la police ! », a-t-il posté sur le réseau social X. Les locaux de la NUP restaient sous haute surveillance policière mardi, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le Monde avec AFP

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