qui sont ces volontaires qui font tourner bénévolement les Jeux de Paris ?

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« Mes proches sont un peu perplexes et me demandent pourquoi je vais m’embêter à être volontaire pendant les Jeux, mais j’en avais vraiment envie depuis longtemps : je veux vivre les JO de l’intérieur et faire partie de l’édifice », s’enthousiasme Hubert, un Français de 58 ans, directeur commercial et expatrié en Suisse, qui sera bénévole pour les Jeux paralympiques. Pour ce passionné de natation et de triathlon, qui a pu constater l’importance des bénévoles dans le monde sportif lors de sa participation à des compétitions, la motivation ne date pas d’hier.

L’idée a commencé à germer dans sa tête au moment des JO d’hiver à Albertville (Savoie) en 1992 : « Mais il était trop tard pour postuler. » Évidemment, Hubert ne pouvait pas louper l’aventure Paris 2024. Au point de mettre une alarme dans son téléphone pour ne pas rater la phase de recrutement des volontaires. Après avoir rempli un questionnaire et attendu quelques mois, il a décroché son Graal : un poste au village olympique à l’accueil des athlètes, des délégations et des officiels.

Comme Hubert, 45 000 autres bénévoles ont été recrutés pour faire tourner Paris 2024 : 30 000 pour les Jeux olympiques et 15 000 pour les Jeux paralympiques. « Ils viennent des 101 départements français, mais aussi de 150 pays différents, décrit Alexandre Morenon-Condé, chargé du programme des volontaires. La parité a été respectée, 30 % ont moins de 25 ans, les plus jeunes ont 16 ans, et 10 % ont plus de 60 %, les plus âgés ont 94 ans ! » Sans ces dizaines de milliers de petites mains, impossible de faire tourner une grosse machine comme les Jeux olympiques et paralympiques.

Installer des haies ou accueillir les spectateurs

Les bénévoles assurent en effet un certain nombre de missions cruciales pour le bon déroulement de l’événement. 60 % des missions sont, selon les mots utilisés par Paris 2024 « au service de la qualité de l’expérience vécue par tous les acteurs des Jeux ». Plus concrètement, il s’agit d’accueillir, orienter, renseigner ou transporter les spectateurs, athlètes, délégations, journalistes, etc. 35 % des missions sont « au service de la performance sportive » : ces bénévoles sont chargés d’intervenir sur l’aire de compétition (pour, entre autres, installer les haies en athlétisme ou ramasser les balles au tennis), de saisir des informations sportives (des chronos, par exemple), d’assister le personnel médical ou d’accompagner les athlètes dans les espaces qui leur sont réservés.

C’est le cas de Nour-Eddine, qui a été sélectionné pour assister les sportifs en chambre d’appel lors des épreuves d’athlétisme au Stade de France à partir du 1er août. « J’avais déjà vécu les JO à Londres en tant que journaliste, mais je voulais voir l’envers du décor, et surtout être près des athlètes : c’est une opportunité unique, que l’on a une seule fois dans sa vie », raconte ce coureur chevronné. Mais pas question de jouer les groupies : « Le règlement est très strict : il ne faut pas perturber la concentration des athlètes. Les selfies avec eux sont par exemple interdits. » Enfin, 5 % des missions visent à fluidifier et faciliter l’organisation (gérer le processus d’accréditations, distribuer des équipements ou encore assembler et installer du matériel de communication).

300 000 candidats

Le recrutement n’a pas été laissé au hasard. Plus de 300 000 personnes ont déposé un dossier sur la plateforme de candidature au printemps dernier. Environ 20 000 d’entre eux avaient été présélectionnés par des partenaires (fédérations, entreprises, collectivités hôtes…). Sanofi, sponsor des Jeux, a par exemple fourni une armada de 2024 volontaires. Les candidats ont rempli un questionnaire et ont ensuite été répartis sur les différents postes grâce à un algorithme qui prenait en compte différents critères, comme leur personnalité ou leur adresse. Des enquêtes administratives ont eu lieu pour vérifier le profil des candidats, qui ont ensuite pu participer à plusieurs formations avant le début de leur mission.

L’utilisation de cette « main-d’œuvre » gratuite a beau être la routine dans le cadre des Jeux olympiques depuis ceux de Los Angeles en 1984 (et plus globalement dans le mouvement sportif), elle a tout de même été la cible de critiques. Pour le collectif Saccage 2024, opposé aux JO de Paris, l’utilisation de ces bénévoles serait en réalité du « travail dissimulé » qui pourrait être requalifié devant les Prud’hommes. Selon les calculs des anti-JO, si ces petites mains étaient payées au smic, cela représenterait environ 1 % du budget de l’événement sportif.

Lien de subordination

« Nous avons mis en place une Charte du volontariat olympique qui définit les conditions de recours aux volontaires, leurs droits, leurs devoirs, leurs garanties et leurs missions », répond Alexandre Morenon-Condé. « Le statut de bénévole n’est pas réglementé en France, donc cette charte a le mérite de cadrer les choses, même si le risque de requalification n’est pas inexistant : mais il faudrait pour cela réussir à prouver un lien de subordination, par exemple que le bénévole ne puisse pas avoir la possibilité de s’absenter s’il en a besoin », souligne Delphine Robinet, avocate spécialisée en droit du travail.

Cette critique laisse en tout cas de marbre Guillaume, volontaire à l’Arena-Porte de la Chapelle, ravi de mettre la main à la pâte et de réaliser des « tâches simples et concrètes », bien loin de ses fonctions habituelles de responsable de produits numériques. Chargé de filer un coup de main au centre des opérations, qui s’occupe de la gestion du site, cet habitué du bénévolat sportif, qui a déjà été volontaire lors des Internationaux de badminton et du marathon de Paris, réplique : « Personne ne nous a obligés à candidater : sur mon site, je ne vois que des bénévoles passionnés et contents d’être là. » Seul regret pour certains : ne pas pouvoir assister aux épreuves sportives…


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