Quarante-sept étudiants ont été arrêtés en Ouganda, vendredi 9 août, alors qu’ils marchaient en direction du Parlement pour y remettre une pétition contre un mégaprojet pétrolier du groupe français TotalEnergies, ont annoncé la police et leurs avocats. « Nous avons arrêté un total de 47 suspects », a déclaré à l’agence France-presse (AFP) le porte-parole de la police de Kampala, Luke Owoyesigire, précisant qu’ils étaient tous étudiants à l’université Kyambogo. Parmi les 47 personnes arrêtées, deux ont été inculpés pour incitation à la violence.
L’avocat des étudiants, Samuel Wanda, a confirmé les multiples arrestations. « Cette marche était censée porter la pétition au Parlement, mais la police a arrêté les manifestants sur le chemin », a-t-il déclaré à l’AFP. Les militants demandent la fin des financements pour un projet pétrolier qu’ils jugent nuisible pour l’environnement.
TotalEnergies a annoncé en 2022 un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise Cnooc, comprenant notamment la construction d’un oléoduc (Eacop) de 1 443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne, sur l’océan Indien. Le projet est dénoncé par des organisations de protection de l’environnement, qui estiment qu’il menace le fragile écosystème de la région et des populations qui y vivent. Il comprend le forage de 419 puits (projet Tilenga) dans le parc naturel des Murchison Falls, une remarquable réserve de biodiversité située dans l’ouest de l’Ouganda.
En juin, un défenseur de l’environnement qui militait contre le mégaprojet pétrolier avait disparu pendant plusieurs jours avant d’être retrouvé « mal en point », affirmant avoir été arrêté et battu par des militaires.
Le lac Albert, frontière naturelle entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo, recèle une quantité de pétrole brut estimée à 6,5 milliards de barils, dont environ 1,4 milliard sont actuellement considérés comme récupérables. Le président ougandais, Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, a décrit à plusieurs reprises le projet comme une source économique majeure pour ce pays enclavé.