faut-il s’étonner de l’arrêt automatique du réacteur ?

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Alertes rouges dans la presse en continu, commentaires affolés des antinucléaires… Mercredi 4 septembre, dans la soirée, le réacteur de l’EPR de Flamanville s’est automatiquement arrêté, après avoir divergé pour la première fois la veille, à 15 h 54 précises.

« Selon les premiers éléments du diagnostic technique, l’arrêt pourrait être lié à une mise en configuration inappropriée de l’installation », a précisé une porte-parole d’EDF. « Les équipes procèdent aux contrôles techniques et aux analyses nécessaires en suivant les procédures, puis elles relanceront la divergence du réacteur. »

Ces arrêts concernent tous les réacteurs

En langage profane, cet arrêt automatique traduit un mauvais réglage de l’un ou l’autre élément d’un système extraordinairement complexe, et bardé de protections. « Tous les réacteurs sont passés par là ! » s’amuse Jean Fluchère, ancien directeur régional d’EDF en Rhône-Alpes. « Quand j’ai démarré les réacteurs de Bugey, en 1978-1979, on avait des arrêts automatiques toutes les demi-heures, au point que c’était devenu un gag », se souvient l’ancien directeur de la centrale.

« Un réacteur est bardé d’un ensemble énorme de protections. Il est normal qu’au démarrage, l’une ou l’autre bafouille, l’essentiel est de trouver laquelle et d’ajuster les réglages. Certaines protections sont réglées très finement… J’ai connu des arrêts automatiques, par exemple, parce que les protections sur les niveaux des générateurs de vapeur avaient été mal fixés : dès que le niveau de vapeur était un peu trop bas, paf ! Tout s’arrêtait. Il a suffi d’élargir la plage de réglage », explique l’ingénieur.

Retrouvé par le spécialiste de l’histoire du nucléaire civil Michaël Mangeon, docteur en sciences de gestion, un document publié dans la Revue générale nucléaire en 1981 compare les démarrages des 16 premiers réacteurs du parc de 900 MW. Les réacteurs de Fessenheim et de Tricastin subiront plusieurs mois d’aléas avant d’être couplés au réseau. Et plus d’une dizaine d’arrêts, à chaud et à froid. « La période de démarrage d’un réacteur est toujours délicate et il y a souvent des aléas techniques entre le chargement du réacteur et sa mise en service industrielle. C’est encore plus vrai historiquement, sur les réacteurs qui sont les têtes de série d’un palier, explique Michaël Mangeon. Pour ma part, ce n’est donc pas une surprise d’avoir ce type d’aléas techniques. Le fait que cet arrêt intervienne quelques heures après la divergence est évidemment un peu compliqué à gérer, notamment en matière de communication… »

La divergence, qui consiste à diminuer la concentration de bore dans l’eau du circuit primaire et à relever progressivement les grappes de commandes afin d’accélérer la production de neutrons et de démarrer la réaction en chaîne, devrait reprendre aussitôt un diagnostic de contrôle et de nouveaux essais réalisés. Le couplage au réseau du réacteur, qui sera réalisé quand il aura atteint 25 % de sa puissance, est toujours espéré à la fin de l’automne… Sauf nouvel aléa.


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