C’est un scrutin sans réelle surprise : plus de 24 millions d’Algériens sont appelés aux urnes, samedi 7 septembre, pour un scrutin présidentiel, qui devrait voir la reconduction du président Abdelmadjid Tebboune pour un deuxième mandat. Les bureaux de vote ont ouvert à 9 heures et fermeront à 20 heures, les résultats pourraient tomber samedi soir, avec une annonce officielle prévue au plus tard dimanche.
La réélection de M. Tebboune, 78 ans, est d’autant plus acquise que quatre formations de premier plan soutiennent sa candidature, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et le mouvement islamiste El Bina. « Le vainqueur est connu d’avance », compte tenu de « la qualité », du « nombre inhabituellement réduit » des concurrents, et des « conditions dans lesquelles s’est déroulée la campagne électorale qui n’est qu’une comédie », estime sur Facebook, Mohamed Hennad, expert en sciences politiques.
Face au président sortant, deux candidats peu connus : Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d’opposition, ancré en Kabylie.
L’enjeu de la participation
« Le président tient à une participation importante. C’est le premier enjeu. Il n’a pas oublié qu’il a été élu en 2019 avec un taux faible. Il veut être un président normal, pas un président mal élu », souligne à l’Agence France Presse Hasni Abidi du Centre d’études Cermam à Genève.
L’abstention avait battu des records (60 %) lors du scrutin remporté par M. Tebboune en décembre 2019 avec 58 % des suffrages, alors que les manifestations massives pour un changement du système en vigueur depuis l’indépendance (1962), battaient leur plein.
Ce mouvement de protestation, le Hirak, venait, en avril, de chasser du pouvoir, avec la puissante armée, le prédécesseur de M. Tebboune, Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans de règne.
Face au spectre d’une faible affluence, M. Tebboune comme ses adversaires ont sillonné le pays, mais la campagne électorale a suscité peu d’enthousiasme. Les Algériens établis à l’étranger, 865 490 électeurs selon l’Autorité électorale Anie, votent depuis lundi.
En politique étrangère, un consensus règne sur les causes palestinienne et sahraouie, défendues par tous les prétendants, les trois candidats ont axé leurs discours sur les questions socio-économiques, promettant d’améliorer le pouvoir d’achat et de redresser l’économie, afin qu’elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95 % des recettes en devises).
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Aidé par la manne du gaz naturel, M. Tebboune a promis de nouvelles revalorisations des salaires et des retraites, des investissements, deux millions de logements neufs et 450 000 emplois nouveaux, pour faire de l’Algérie, « la deuxième économie en Afrique », derrière l’Afrique du Sud. En clôture de campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement « aammi Tebboune » (Tonton Tebboune) s’est engagé à redonner aux jeunes − plus de la moitié des 45 millions d’habitants et un tiers des électeurs − la « place qui leur sied ». M. Tebboune affirme que son premier quinquennat a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut plusieurs fois ministre.
Ses rivaux promettent davantage de libertés. L’ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer d’« étouffer l’espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains », avec de « nouvelles arrestations arbitraires » et « une approche de tolérance zéro à l’égard des opinions dissidentes ». Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés, sont encore emprisonnées ou poursuivies.