Plus de 150 personnes font l’objet de poursuites de la justice marocaine pour incitation à l’immigration clandestine, a annoncé, jeudi 19 septembre, un porte-parole du gouvernement, quelques jours après la mise en échec d’une large tentative de franchissement de la frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta (appelée Sebta au Maroc).
Dimanche, environ 3 000 personnes ont tenté d’entrer illégalement à Ceuta après des appels sur les réseaux sociaux, a annoncé Mustapha Baitas, le porte-parole du gouvernement. « Malheureusement, certains jeunes gens sont incités [à immigrer] par des inconnus sur les réseaux sociaux », a-t-il déploré lors d’une conférence de presse. « Dans le cadre de la lutte contre les appels à immigrer clandestinement, 152 personnes ont été entendues par un juge », a-t-il ajouté, précisant que toutes les tentatives de passage avaient « échoué ».
Un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) a vu dimanche des centaines de migrants, en majorité marocains et d’autres originaires d’Afrique subsaharienne, escalader des collines et tenter de passer à travers des barbelés dans la zone de Fnideq, tandis qu’un fort dispositif sécuritaire était déployé et que des grenades de gaz lacrymogène étaient tirées. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, qui n’ont pas pu être authentifiées par l’AFP, montrent des hommes regroupés et assis par terre, seulement vêtus de ce qui semble être des shorts de bain. Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la diffusion de ces images pour en déterminer la véracité.
Des médias locaux se sont fait l’écho, ces derniers jours, de critiques contre le gouvernement, incriminé pour l’absence de perspectives offertes aux jeunes Marocains qui souhaitent quitter leur pays. D’après des statistiques officielles, un jeune de 15 à 24 ans sur quatre au Maroc ne se trouve ni sur le marché de l’emploi, ni en formation, ni à l’école.
L’afflux de migrants vers Ceuta, seule frontière terrestre de l’Union européenne (UE) sur le continent africain (avec l’autre enclave espagnole de Melilla, plus à l’est), s’est intensifié ces dernières semaines. Les autorités marocaines ont déjoué pour le seul mois d’août plus de 11 300 tentatives d’émigration irrégulière, selon le ministère de l’intérieur. La voie d’accès principale des migrants vers l’Espagne reste toutefois la dangereuse route de l’Atlantique vers les Canaries, au départ des côtes nord-ouest de l’Afrique. Plus de 22 300 migrants sont arrivés aux Canaries du 1er janvier au 15 août, en hausse de 126 % sur un an.