Publié le 26 septembre 2024
Lecture : 2 minutes.
La police norvégienne a annoncé l’arrestation d’un homme pour incitation à commettre des crimes contre l’humanité au Cameroun. La radio publique camerounaise CRTV a par la suite affirmé qu’il s’agissait du « leader séparatiste » Lucas Cho Ayaba. « La police norvégienne a arrêté le leader séparatiste Lucas Cho Ayaba. Il est mis en cause pour des atrocités commises dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest », selon la CRTV.
Conflit sanglant depuis 2016
Unité chargée d’enquêter sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la police criminelle (Kripos) a indiqué qu’elle avait arrêté, le 24 septembre, « un homme d’une cinquantaine d’années », dont elle n’a pas donné le nom. « Kripos estime que le suspect a un rôle central dans un conflit armé en cours au Cameroun », a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone dans ce pays d’Afrique centrale majoritairement francophone, sont le théâtre, depuis fin 2016, d’un conflit sanglant entre des mouvements armés qui en réclament l’indépendance et des forces de l’ordre massivement déployées par le président Paul Biya.
Le conflit a éclaté fin 2016 après la répression violente de manifestations pacifiques d’anglophones qui représentent environ 20 % de la population et s’estiment ostracisés et marginalisés par le pouvoir central francophone. Les groupes armés séparatistes comme l’Ambazonia Defense Forces (ADF) dont Lucas Cho Ayaba a été l’un des chefs, affrontent régulièrement l’armée camerounaise et se livrent fréquemment à des enlèvements de civils, y compris des fonctionnaires.
Les civils sont pris en tenaille et victimes d’exactions commises par les deux camps, selon des ONG internationales et l’ONU. Le conflit a fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à fuir leur domicile, selon International Crisis Group (ICG).
L’avocat d’un groupe de victimes de la crise séparatiste, Emmanuel Nsahlaï, avait déposé plainte aux États-Unis, où il exerce, contre Cho Ayaba et l’État norvégien. Il avait également demandé une enquête au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en février 2024 et en avait informé l’ambassade de Norvège à Washington qui avait assuré être « déterminée à lutter contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui affectent la communauté internationale dans son ensemble et coopère étroitement avec la CPI », selon un courrier transmis par l’avocat et consulté par l’AFP.
C’est la première fois que la Norvège arrête un individu sur des soupçons d’incitation à commettre des crimes contre l’humanité, un chef d’accusation passible de 30 ans de prison.
(Avec AFP)
la suite après cette publicité