Coup de frein pour les livreurs. Selon une étude publiée mercredi 2 octobre par l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (Arpe), les livreurs indépendants gagnent de moins en moins au fil des années. En effet, en 2023, un coursier travaillant pour le compte d’Uber Eats gagnait en moyenne 10,10 euros de l’heure contre… 11,90 euros en 2021. Chez Deliveroo, la baisse est moindre mais tout aussi réelle : de 17,30 euros il y a trois ans à 16,80 euros l’année dernière.
Le rapport de l’Arpe vise également à montrer les disparités de revenus d’une plateforme à une autre. C’est le français Stuart qui rémunère le mieux ses livreurs (6 euros en moyenne), devant les leaders du marché Deliveroo (5,50 euros) et Uber Eats (4,50 euros).
La situation est similaire pour les chauffeurs de Véhicules de transport avec chauffeurs (VTC). Toujours d’après l’Arpe, le revenu horaire moyen des chauffeurs Uber ou Bolt est légèrement inférieur à 40 euros, contre à peine 25 chez Heetch.
Des négociations à l’arrêt
Créée en 2021, l’Arpe est chargée de « répondre au besoin de rééquilibrer les relations de travail entre les travailleurs indépendants et les plateformes de mise en relation », selon la description faite sur son site Internet. Elle œuvre pour « favoriser l’émergence d’un dialogue social producteur de droits nouveaux au bénéfice des travailleurs ».
L’étude de l’organisme parue ce mercredi met en lumière l’insuffisance des accords signés au niveau européen par les syndicats nouvellement créés de livreurs indépendants et chauffeurs VTC. Malgré l’introduction d’un revenu horaire brut minimum de 11,75 euros par heure d’activité pour les livreurs et 30 pour les chauffeurs VTC, la nouvelle réglementation n’est pas respectée. Alors que le smic horaire net est de 9,23 euros, le revenu moyen d’un livreur Uber Eats est estimé par l’Arpe à 8,08 euros.
Au Monde, Ludovic Rioux, le secrétaire de la CGT-Livreurs, estime que « depuis la mise en place de l’Arpe, les revenus baissent ». « Les plateformes bloquent les négociations sur la rémunération, et aujourd’hui il y a toujours une opacité des algorithmes qui calculent la rémunération et dispatchent les courses », poursuit-il. Un porte-parole de l’Association des plateformes d’indépendants rappelle pour sa part au quotidien que les entreprises du secteur ont « proposé de rehausser le montant minimal » et d’introduire « un minimum kilométrique ».
La demande d’une expertise externe par les syndicats de livreurs et chauffeurs indépendants avait rompu les négociations.