C’est l’une des pistes d’économies du futur budget. Le projet de budget pour 2025, qui sera dévoilé le 10 octobre, prévoit un effort de 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, dont un report au 1er juillet 2025 de l’indexation des retraites sur l’inflation, a indiqué une source gouvernementale ce mercredi 2 octobre. Les montants des pensions de retraite sont habituellement revalorisés au 1er janvier.
L’idée de jouer sur l’indexation pour ralentir les dépenses publiques était dans l’air depuis le printemps dernier. L’ex-ministre du Budget Thomas Cazenave y avait fait allusion dès février, mais le président de la République avait immédiatement fait part de son opposition. En juin, après la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait répété son opposition. « Je vais être très clair, les retraites seront bien indexées sur l’inflation. Le pouvoir d’achat des retraités, ce n’est pas une variable d’ajustement », avait-il assuré.
Selon le directeur de la Sécurité sociale (DSS), Pierre Pribile, auditionné ce mercredi matin au Sénat, l’indexation des pensions en janvier 2024 (+ 5,3 %) a représenté « une dépense supplémentaire d’environ 15 milliards d’euros ».
Un meilleur niveau de vie que les autres retraités européens
L’idée de sous-indexer les retraites – risquée sur le plan électoral au regard de la part importante de retraités parmi les électeurs actifs – est régulièrement défendue par des économistes et experts. Ceux-ci rappellent que les retraités français jouissent d’un meilleur niveau de vie, par rapport aux actifs, que dans beaucoup d’autres pays.
Selon le rapport 2024 du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui a fait une comparaison avec 11 pays occidentaux, la France et l’Italie présentent la situation la plus favorable aux retraités, avec un niveau de vie des 65 ans et plus qui représente respectivement 96 et 98 % de celui des actifs. La Belgique et les Pays-Bas sont en queue de classement, avec un niveau de vie égal à 78 et 79 % de la population.
Le COR note également qu’en France le décrochage du niveau de vie moyen après 75 ans, observé dans tous les pays, est parmi les plus faibles (- 7 points sur le niveau de vie des 65-75 ans, contre – 26 points en Suède).
Repousser la date d’entrée en vigueur de l’indexation, c’est une « autre manière de désindexer », indiquait dans une note en juin la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFrap). Selon l’iFrap, ces reports de date ont déjà été utilisés par le gouvernement en 2009, 2014, 2015 et 2018. « Au total, depuis 2013, les pensions auront perdu 2 ans et 9 mois de réévaluation », précisait-il.