La réunion a eu lieu en petit comité. Elle a été peu médiatisée, mais elle marque le retour d’Israël sur la scène africaine. Le 11 septembre 2024, une quarantaine de parlementaires du continent se sont réunis dans la capitale de l’Ethiopie, Addis-Abeba, dans le cadre de l’Initiative Afrique-Israël, un sommet informel organisé par trois organisations pro-israéliennes. Une façon pour l’Etat hébreu, dont l’image est écornée sur le continent depuis la guerre menée à Gaza en représailles aux attaques du 7 octobre 2023, de graduellement réinvestir l’espace public africain.
La poignée d’élus et de leaders religieux venus d’une vingtaine de pays d’Afrique a signé un manifeste qui « rejette l’antisionisme comme une forme d’antisémitisme », qui « reconnaît Jérusalem comme la capitale légitime, indivisible et éternelle de l’Etat d’Israël » et qui « soutient le peuple juif ». Bien que non contraignante, la déclaration est un succès symbolique pour Tel-Aviv, dont l’opération séduction sur le continent entamée lors de la décennie précédente a été largement entravée par le retour de la guerre au Proche-Orient.
Le conflit actuel dans la bande de Gaza n’a certes pas provoqué de rupture diplomatique nette du continent avec Israël, contrairement à la guerre du Kippour cinquante ans auparavant, lorsque la majorité des Etats africains avait rompu tout lien avec lui. Aujourd’hui, seule l’Afrique du Sud – bien que premier partenaire commercial africain d’Israël – a fermé son ambassade à Tel-Aviv après sa saisine auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), dans laquelle Pretoria l’accuse de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide.
Déficit d’image
Il n’empêche, Israël pâtit d’un sérieux déficit d’image en raison du nombre de victimes à Gaza. En témoignent les prises de position de l’organisation continentale, l’Union africaine (UA), historiquement solidaire de l’Autorité palestinienne. Elle a condamné les « crimes de guerre » israéliens, le 17 octobre 2023, par la voix du président de la commission de l’UA, Moussa Faki.
En réalité, l’offensive de charme israélienne en Afrique a pris du plomb dans l’aile avant même la guerre à Gaza. L’Etat hébreu, qui tentait d’obtenir un statut de membre observateur de l’UA depuis 2021, a vu sa délégation se faire expulser lors du sommet de l’organisation panafricaine en février 2023, après des pressions exercées par l’Algérie et l’Afrique du Sud, deux soutiens traditionnels de la Palestine.
« L’image d’Israël est au plus bas sur le continent, avance un diplomate africain en poste à Addis-Abeba. Je ne vois pas comment ils réussiront à relancer leur candidature pour intégrer l’UA en tant qu’observateur. C’est mort pour longtemps. La situation dramatique à Gaza déteint sur tous leurs efforts de diplomatie publique. »
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