Avec son « Petroleum Hub », le Ghana se rêve en premier raffineur d’Afrique de l’Ouest

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« Ce projet promet d’être la pierre angulaire du développement de notre pays, garantissant que tous les foyers et industries ghanéennes aient accès à une énergie fiable et abordable. » Cette promesse, le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, l’a formulée le 19 août à Jomoro, une pelle à la main.

C’est dans ce district de l’ouest du Ghana, frontalier de la Côte d’Ivoire, que doit sortir de terre le « Petroleum Hub » : un projet titanesque articulé en trois phases jusqu’en 2036, avec une raffinerie de pétrole construite lors de chacune d’entre elles, pour une capacité totale de 900 000 barils par jour – soit 250 000 barils de plus que la nouvelle raffinerie du milliardaire Aliko Dangote, au Nigeria, actuelle championne du continent, qui a opéré ses premières livraisons le 15 septembre.

Etendue sur 8 000 hectares, la future centrale ghanéenne devrait comprendre cinq usines pétrochimiques, 10 millions de mètres cubes d’installations de stockage et des laboratoires ; le tout accompagné d’aires résidentielles et commerciales desservies par un nouveau réseau routier et ferroviaire, ainsi que des infrastructures portuaires. Coût estimé de l’opération : 60 milliards de dollars (environ 54 milliards d’euros), exclusivement sur financement privé.

Lire aussi le 1er épisode | Article réservé à nos abonnés Au Nigeria, la mégaraffinerie d’Aliko Dangote tiendra-t-elle ses promesses ?

« Les investisseurs nous ont assuré que la première phase, chiffrée à 12 milliards de dollars, sera terminée d’ici quatre à cinq ans », déclare George Asante, membre de l’équipe de développement commercial de la Petroleum Hub Development Corporation (PHDC), qui sera chargée de la gestion de la centrale. A terme, ce sont près de 800 000 emplois directs et indirects qui devraient être créés, selon ses prévisions.

Déclin

Le gouvernement table sur une hausse de 70 % du PIB, notamment grâce aux exportations de carburant produit localement. Les trois raffineries pourraient à elles seules « répondre à 50 % de la demande de carburant prévue en Afrique de l’Ouest à l’horizon 2030-2035 », estime l’économiste Bright Simons, vice-président du centre de réflexion ghanéen Imani, rappelant toutefois qu’« alimenter en pétrole brut ne serait-ce qu’une seule des trois raffineries nécessite forcément de recourir aux importations ».

En cause notamment, le déclin continu de la production nationale depuis cinq ans : − 9,2 % par an en moyenne. Une baisse en partie due « au tarissement du plus gros champ pétrolier du pays, exploité depuis quatorze ans », explique Kodzo Yaotse, de l’African Centre for Energy Policy, un autre centre de réflexion ghanéen.

Importer du pétrole brut risque cependant de poser problème, tant la concurrence est rude dans la sous-région. « Chaque pays souhaite devenir la centrale pétrolière d’Afrique de l’Ouest », commente Kodzo Yaotse. Au Nigeria, premier producteur de brut du continent, « la question (…) est de savoir comment la raffinerie peut s’assurer un approvisionnement fiable à des prix abordables », écrit par exemple le groupe Dangote sur son site Internet.

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