La nuit embrasse à peine le quartier de Maurepas, à Rennes, que les volets des immeubles alentour sont tous tirés, lundi 28 octobre. Les habitants se calfeutrent dans un silence inhabituel. Au pied des barres de quinze étages construites dans les années 1960, plusieurs camionnettes de la CRS82. Les fonctionnaires de cette compagnie spécialisée dans le maintien de l’ordre ont été déployés en urgence à Maurepas, actuellement en proie à une guerre de territoire entre trafiquants de drogue. « Cette présence policière doit rassurer la population qui veut vivre en paix. La sécurité est au cœur de nos priorités », martèle Amaury de Saint-Quentin, préfet de Bretagne, en visite dans le quartier en fin de soirée. En poste depuis seulement quelques heures, il a été chargé par Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur, de faire la « guerre » aux « narcoracailles qui contrôlent ce quartier ».
Fréquemment qualifiée de ville où il fait bon vivre, Rennes n’échappe pas à l’explosion de violences orchestrées par des narcotrafiquants. Le dernier week-end du mois d’octobre, Maurepas a été l’épicentre d’une vague inédite dans la capitale bretonne. Tout débute samedi 26 octobre au matin lorsque des rafales de tirs d’arme à feu sont entendues. Selon le parquet de Rennes, un groupe d’hommes cagoulés dont l’un est porteur d’une arme de type fusil-mitrailleur déambule entre les tours. Le RAID intervient pour arrêter ce qui ressemble à un nouvel affrontement entre bandes rivales se disputant un point de deal.
Plus tard dans la soirée, un homme de 29 ans quitte le quartier au volant de sa voiture. Sur la banquette arrière, son fils de 5 ans. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur, connu des services de police, se sent menacé alors qu’il roule en direction de Vezin-le-Coquet, dans la banlieue de Rennes, pour « mettre à l’abri » son enfant chez la mère de ce dernier et s’y cacher. Sur la route, l’homme remarque qu’un véhicule le suit. A bord, plusieurs hommes dont au moins un est armé. Une course-poursuite s’amorce alors jusqu’à Pacé, une ville paisible et cossue de l’agglomération rennaise. Des coups de feu éclatent. L’enfant est touché à deux reprises à la tête. Les assaillants prennent la fuite. Les secours interviennent et conduisent la victime à l’hôpital. Le garçon est opéré à deux reprises. Son pronostic vital était toujours engagé lundi soir, selon la préfecture.
Cette fusillade marque « un nouveau palier dans la violence et l’horreur générées par le narcotrafic », réagit auprès du Monde Nathalie Appéré, maire (Parti socialiste, PS) de Rennes. « Depuis le Covid, le trafic de stupéfiants est plus puissant et mieux organisé. Il croît à une vitesse phénoménale partout sur le territoire national. La violence décomplexée des bandits n’a plus de limite », s’alarme l’édile. Si cet épisode émeut largement dans la capitale bretonne, il ne surprend pas à Maurepas. Ici, le trafic de drogue rythme la vie des quelque 6 000 habitants.
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