Les récents développements sur l’avenue Habib Bourguiba, lieu emblématique de la transition démocratique tunisienne, soulèvent des interrogations.
Plusieurs militants pro-palestiniens ont été arrêtés à Tunis dans la nuit de mardi à mercredi, à la suite d’une manifestation marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre.
Organisée à l’occasion du premier anniversaire de l’opération « Al-Aqsa Flood », cette manifestation a eu lieu à l’avenue Habib Bourguiba, symbole des mouvements populaires depuis la révolution de 2011. Les arrestations ont notamment visé les activistes Wael Nawar, Louay Khammassi et Jawaher Chenna, qui ont été libérés tard dans la soirée.
Le ministère de l’Intérieur, qui avait annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire la lumière sur les actes de violence lors de la manifestation, a réaffirmé sa volonté de garantir le droit de manifester pacifiquement tout en maintenant l’ordre public.
Toutefois, la Coordination d’Action Commune pour la Palestine, co-organisatrice de la marche avec le Comité National de Soutien à la Résistance en Palestine et le Réseau Tunisien contre la Normalisation, a dénoncé des « arrestations arbitraires » et un « discours d’intimidation » de la part des autorités.
L’un des faits marquants de cette journée tendue a été la déclaration controversée d’un représentant du ministère de l’Intérieur, qui, devant l’ambassade de France, aurait affirmé via un haut-parleur que « la marche du 7 octobre sera la dernière sur l’avenue Bourguiba (…) ». Ces propos, largement relayés sur les réseaux sociaux, ont provoqué l’indignation des manifestants et des militants, qui craignent une restriction progressive des libertés publiques.
Depuis la révolution de 2011, ayant conduit à la chute du régime de Ben Ali, l’avenue Habib Bourguiba est devenue le centre névralgique de la contestation populaire et un symbole de la liberté d’expression. De nombreux mouvements sociaux, politiques et syndicaux ont utilisé cet espace pour faire entendre leurs revendications.
Cependant, au fil des années, la tenue de manifestations sur cette avenue a fait l’objet de restrictions de plus en plus fréquentes, souvent justifiées par des préoccupations sécuritaires.
Bien que les manifestations politiques aient diminué avec le temps, les citoyens, soucieux de préserver les acquis de la révolution, continuent à se mobiliser pour défendre leurs droits, notamment celui de s’exprimer librement. Ainsi, plusieurs rassemblements, notamment ceux organisés par des associations de défense des droits humains, ont eu lieu en amont des élections présidentielles, à l’image de celui porté par le Réseau Tunisien des Droits et des Libertés.
L’avenue Bourguiba n’est pas seulement le lieu de rassemblement des opposants politiques ou des militants pour les libertés, elle accueille également des sympathisants de la politique actuelle et des pro-gouvernementaux.
A security official, embodying the chilling disregard for democratic principles that has gripped Tunisia, told protesters, « This will be the last time you demonstrate on Habib Bourguiba Avenue. You are incapable of responsible behavior and unworthy of freedom. » This incident is… pic.twitter.com/EzA4fssrDw
— Mohamed Ali Azaiez 🇹🇳 (@MohamedAlAzaiez) October 9, 2024