« Ce qui me guide, c’est la passion, les relations humaines, la ferveur »

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Un peu plus de deux mois après son départ de l’équipe de France féminine de football et une élimination en quart de finale des Jeux olympiques de Paris 2024, Hervé Renard, 56 ans, retourne en Arabie saoudite, où il retrouve la tête de la sélection masculine. Objectif pour le double vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations (en 2012 avec la Zambie et en 2015 avec la Côte d’Ivoire) : qualifier les Green Falcons pour la Coupe du monde 2026.

C’est la deuxième fois de votre carrière que vous revenez dans un pays où vous avez déjà entraîné, après la Zambie en 2011. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce retour en Arabie saoudite ?

Comme en Zambie, où j’étais revenu un peu plus d’un an et demi après en être parti, la dimension affective a beaucoup compté avec l’Arabie saoudite. Je vais travailler avec des dirigeants que j’apprécie, avec des joueurs que je connais très bien, dans un pays où le football est un sport très populaire et qui ne cesse d’améliorer ses structures. Je continuais à suivre les matchs du championnat et ceux de la sélection. C’était peut-être un signe ! Il y a de plus un très beau défi à relever avec cette qualification pour la Coupe du monde à décrocher.

La situation est compliquée puisque nous comptons cinq points après quatre journées, à six matchs de la fin. Compliquée, mais pas désespérée. C’est un défi passionnant. Si nous y parvenons, je continue, avec en ligne de mire la Coupe d’Asie des nations que le royaume organisera en 2027. Sinon, on se dira au revoir.

Vous n’avez pas peur d’abîmer votre image d’un homme qui court davantage après les challenges sportifs que les bons contrats en retournant en Arabie saoudite ?

L’argent n’a jamais été mon moteur au moment de prendre des décisions. Quand je quitte l’Arabie saoudite en 2023, j’accepte de diviser mon salaire par vingt, puisque je gagnais 23 000 euros net en France. Faites le calcul… J’ai déjà refusé dans le passé de gros contrats en Chine ou au Qatar. Si j’avais par exemple signé au Sénégal, j’aurais certes gagné plus qu’en France.

Mais la question de mon salaire n’a pas été la plus importante dans les discussions. Ce qui me guide, c’est la passion, les relations humaines, la ferveur. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être plus libre dans mes choix. Je suis quelqu’un de sensible et j’ai besoin de ça.

Avant votre signature en Arabie saoudite, votre nom avait également circulé au Nigeria et plus récemment au Sénégal…

Le Nigeria m’avait fait une très belle proposition, mais je l’ai déclinée pour des raisons sportives. Comme je l’avais plusieurs fois déclaré, mon objectif est de disputer la prochaine Coupe du monde. Or, le Nigeria ne compte que trois points après quatre matchs, avec un déplacement en Afrique du Sud. J’ai donc préféré refuser car je ne me sentais honnêtement pas capable de relever ce défi.

Et avec le Sénégal, qui s’est séparé au début du mois d’octobre de son sélectionneur, Aliou Cissé ? Vos liens avec ce pays sont étroits, puisque vous y possédez une maison et que vous êtes marié à une Sénégalaise…

Il y a eu des discussions. J’avais un souhait, avoir Omar Daf, un ancien international sénégalais, comme adjoint. Mais Omar est l’entraîneur d’Amiens, en Ligue 2. Et cette condition n’était pas possible à remplir dans l’immédiat. J’ai donc décidé à ce moment précis de retirer ma candidature. Pour l’instant, le Sénégal n’a pas encore choisi [Pape Thiaw, l’ancien adjoint d’Aliou Cissé, assure l’intérim]. Entraîner le Sénégal, l’une des meilleures sélections africaines, aurait été un très beau défi, c’est vrai, mais toutes les conditions n’étaient pas réunies.

Votre nom avait également circulé au Cameroun, au mois d’avril…

[Il coupe] Alors que j’étais sous contrat avec la Fédération française de football (FFF). Ce qui m’a agacé, c’est qu’on a dit que je demandais beaucoup d’argent [la fédération camerounaise avait adressé une liste de noms au ministère des sports, où figurait celui de Renard, avec ses supposées prétentions salariales]. On a dit que je demandais 200 000 euros par mois !

Or, c’était totalement faux puisqu’il n’y avait eu aucune discussion financière avec Samuel Eto’o [le président de la fédération] que j’avais rencontré en France. Il y a des gens que cela arrange de faire croire que je coûte cher. Je n’ai pas aimé cette façon de procéder. Ce n’est pas franc.

En début d’année, il a été question de votre retour en Côte d’Ivoire, lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), après le départ de Jean-Louis Gasset à l’issue du premier tour. Avez-vous des regrets ?

Non et je suis heureux de l’issue pour la Côte d’Ivoire, qui est devenue championne d’Afrique. Mais ce qui est quelque part dommage, c’est que la question de ma possible arrivée avait été médiatisée, alors qu’elle n’aurait jamais dû l’être. Des gens ont parlé et, dans ce type de négociations, cela n’est pas très indiqué.

Espérez-vous un jour travailler de nouveau en Afrique ?

Pourquoi pas ? Pour essayer de remporter une troisième CAN. C’est un continent fantastique, une vraie terre de football. J’aurais pu y revenir, cela ne s’est pas fait. Mais, qui sait, à l’avenir, ce qui peut se passer ? J’avoue que j’ai une certaine préférence pour le métier de sélectionneur, qui consiste à représenter un pays, avec toute la passion que cela engendre. J’ai eu la chance de travailler dans des pays où la sélection représente énormément, et remporter une CAN, se qualifier pour un Mondial, cela procure des sensations très fortes. Et j’ai eu la chance de les vivre en Zambie, en Côte d’Ivoire et au Maroc.

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