Le prix Renaudot récompense Gaël Faye pour « Jacaranda »

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Le prix Renaudot récompense Jacaranda, de Gaël Faye (Grasset, 282 pages, 20,50 euros, numérique 14 euros), a annoncé le jury, lundi 4 novembre, depuis le restaurant parisien Drouant, dans la foulée du Goncourt, attribué à Houris, de Kamel Daoud (Gallimard)

Trente ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, c’est un roman racontant la vie à l’ombre des massacres qui se voit ainsi distingué. Jacaranda est le deuxième roman de Gaël Faye, né en 1982 au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français. Il vit à Kigali depuis une dizaine d’années. L’entrée en littérature de ce slameur, ancien financier à la City de Londres, avait été plus que remarquée : en 2016, Petit Pays (Grasset) avait remporté, entre autres, le Goncourt des lycéens, avant de se vendre à 1,5 million d’exemplaires, d’être traduit dans le monde entier, adapté en bande dessinée, porté au cinéma (par Eric Barbier, en 2020)…

Jacaranda n’est pas une suite de Petit Pays, qui se déroulait au Burundi, voisin du Rwanda, où vivait le jeune narrateur, Gabriel. Mais il le prolonge notamment en reprenant le personnage de la tante de Gabriel, Eusébie, dont les enfants furent assassinés. Dans Jacaranda, elle a eu une petite fille quatre ans après le génocide, et l’on voit grandir cette Stella jusqu’en 2020, auprès d’une mère convaincue qu’elle ne peut qu’aller bien, puisqu’elle est une enfant de l’après.

Stella est la plus jeune des personnages du roman. A la génération du dessus appartient le narrateur, Milan, né en France d’un père français et d’une mère rwandaise silencieuse sur son pays et son histoire. En 1994, il est en sixième, à Versailles, quand le Rwanda « arrive dans [sa] vie par la télévision », et les scènes d’horreur absorbées à l’heure du dîner, sans qu’aucun mot ne soit échangé autour de la table – « Chez nous, la sensibilité du téléspectateur était avalée comme une bouchée de silence. Ce qui finissait par m’infliger de terribles maux de ventre. » Le Rwanda prend ensuite le visage au crâne bandé de Claude, un rescapé de son âge, que la famille accueille un temps sans explications.

Prises de parole

En 1998, sa mère emmène Milan pour la première fois dans son pays, où elle échappe encore aux questions de son fils, tandis que celui-ci retrouve Claude. Il fait également la connaissance de sa grand-mère, d’Eusébie, qui vient juste de donner naissance à Stella, et de Rosalie, l’arrière-grand-mère de la petite fille. Il découvre la vitalité de Kigali et la bande de Claude, qui se réunit autour de Sartre, un homme charismatique qui a créé un « Palais » pour les orphelins. Milan reviendra en 2005, pour étudier le travail des tribunaux gacaca pour la réconciliation et entendre les récits des massacres, puis en 2010, où il s’y installe. On le retrouve ensuite, et les autres personnages avec lui, en 2015 puis en 2020.

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