A la découverte de la mosquée de Francfort

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Cette semaine, la République fédérale allemande célèbre le Jour de l’unité. Nous saisissons cette opportunité pour publier cette première chronique allemande.

Francfort – La mosquée Abou Bakr de Francfort a été fondée en 1966. Initialement fréquentée par des Turcs et des Allemands convertis à l’islam, cette mosquée est devenu absolument cosmopolite et chaque vendredi, ce sont des musulmans de plusieurs nationalités qui convergent vers ce lieu de culte.

S’il existe une cinquantaine de mosquées à Francfort, celle où je me trouve est la seule qui soit pourvue d’un minaret et dotée d’une coupole.

Lors de sa fondation, cette mosquée était installée ailleurs, dans un édifice plus modeste. Ce n’est que bien plus tard, en 2007, que la communauté s’est installée en ces lieux après avoir fait l’acquisition d’anciens ateliers.

La mosquée esy vaste, plutôt élégante et ornée de fontaines qui en égaient la cour. Outre la salle de prière, les locaux comprennent une medersa fréquentée par des jeunes femmes et hommes, pour l’essentiel des Allemands d’origine arabe et africaine. La mosquée abrite aussi un restaurant et même une salle polyvalente où trône un billard.

Abdessamad Al Yazidi se présente comme 100% Allemand et 100% Marocain. Il est président du Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne, une institution fondée en 1987. Né à Rengen, il est citoyen allemand et fier de l’être. Al Yazidi a passé cinq ans au Maroc et y a parfait son maniement de la langue arabe.

Il m’apprend qu’ils sont aujourd’hui 5,6 millions de musulmans en Allemagne. Tels sont les chiffres officiels mais il conviendrait de les multiplier car, par exemple, en 2015, ils sont plus d’un million de réfugiés essentiellement musulmans qui ont été accueillis en Allemagne, un pays où près de 3000 mosquées sont en activité.

Il n’existe pas de ministère des Affaires religieuses en RFA. La tradition ici est à une laïcité partagée, collaborative. D’ailleurs, la Constitution donne le droit à chaque communauté d’enseigner sa religion. L’État prend en charge les bâtiments et les enseignants alors que chacun s’occupe de ses propres contenus pédagogiques.

Le Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne est doté d’un comité scientifique et siège dans plusieurs universités comme par exemple à Francfort, Berlin, Osnabrück ou Münster. Al Yazidi est un défenseur farouche du vivre-ensemble et du dialogue des civilisations. Il a participé au Maroc, à un congrès sur le droit des minorités dans les pays musulmans. Il a également traduit des documents sur cette thématique.

Abdessamad Al Yazidi raconte la genèse de la mosquée, me parle du cheikh Béchir, un Allemand converti à l’islam dans les années soixante, à une époque où les musulmans de Francfort devaient se déplacer jusqu’à Berlin, pour la prière collective du vendredi. En ces années lointaines avait été créée la Deutsche Muslim League qui fut le noyau initial de la floraison associative actuelle.

Nous sommes un vendredi et les fidèles commencent à affluer. Tous se dirigent d’abord vers la salle des ablutions puis se retrouvent dans la grande salle de prières, face au mihrab. L’imam de la mosquée est lui aussi Allemand, d’origine égyptienne et installé en Allemagne depuis des générations. Dans quelques instants, il va lire son sermon en langue allemande. L’appel à la prière signale qu’il est presque l’heure. La mosquée est pleine comme un œuf en cette journée ensoleillée.

(A SUIVRE)

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