La réserve prudente de Marine Le Pen vis-à-vis des magistrats n’aura pas résisté au choc des réquisitions à son encontre, dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Front national : mercredi 13 novembre au soir, elle a dénoncé une volonté présumée du ministère public de l’écarter de la vie politique, reprenant l’antienne de la plupart des élus menacés d’une peine d’inéligibilité.
La lourdeur des réquisitions – cinq ans de prison dont trois avec sursis, cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire – a déclenché un élan de solidarité de l’extrême droite derrière sa championne, y compris des plus radicaux qui la honnissent, ainsi que de l’ancien ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.
L’entreprise de victimisation du Rassemblement national (RN) a par ailleurs été lancée sur les réseaux sociaux. Chaque élu a été prié de trouver dans son album photo un cliché le mettant en scène avec Marine Le Pen, accompagné d’un mot doux à l’intention de la présidente du groupe à l’Assemblée nationale et de ce mot-dièse : #JeSoutiensMarine. Il s’est très vite hissé dans les mots d’ordre les plus partagés sur le réseau social X.
Le RN revient à ses fondamentaux
« Il y a une volonté du parquet de me priver, et de priver les Français de voter pour qui ils souhaitent. L’objectif, c’est cela », a assuré la prévenue, les yeux rougis, à la sortie de la salle d’audience, donnant ainsi le ton. Marine Le Pen ne souhaitait pas dénoncer d’emblée un « procès politique » ni une justice aux ordres, et consigne avait été donnée à ses ouailles de ne pas s’adonner à cette facilité. Mais bien vite, après les premiers jours d’audience, elle laissait filtrer ses premiers doutes sur la neutralité de la présidente du tribunal, ce qui était une manière de sonner l’hallali.
Avant même la décision, attendue en 2025, le RN en revient donc à ses fondamentaux : la dénonciation d’une justice politisée et d’un complot visant à éliminer ses représentants. « Le parquet n’est pas dans la justice : il est dans l’acharnement et la vengeance à l’égard de Marine Le Pen », a dénoncé Jordan Bardella, parlant d’« atteinte à la démocratie ».
Ce mercredi soir, le contraste ne pouvait pas être plus saisissant entre la triple candidate à l’élection présidentielle, comptable de ses actes d’ancienne présidente du parti, et son successeur désigné : pendant que Marine Le Pen écoutait les réquisitions, lui dédicaçait des copies de son livre à Bruxelles, dans un lieu mis à disposition par la Hongrie de Viktor Orban.
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