Guillaume Kasbarian le désigne déjà comme son « homologue ». Pressé, peut-être même enthousiaste, le ministre français de la fonction publique a salué d’un tweet, mercredi 13 novembre, l’annonce de la nomination d’Elon Musk à la tête d’un futur ministère de « l’efficacité gouvernementale ». L’homme le plus riche au monde est chargé par Donald Trump, président américain fraîchement élu dont il a financé une partie de la campagne, de « démanteler la bureaucratie gouvernementale ».
« Félicitations pour avoir accepté ce super défi @elonmusk ! J’ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour lutter contre l’excès de bureaucratie, réduire la paperasse, et repenser les organisations publiques pour améliorer l’efficacité des agents publics », s’enflamme Guillaume Kasbarian sur X, en anglais.
Alors que l’Europe s’effraie de l’« agenda totalement désinhibé » de Donald Trump, selon les mots d’Emmanuel Macron, le message sans grande retenue du ministre fait frémir une partie de la classe politique. Le trentenaire incarne-t-il le risque d’une « trumpisation de la vie politique française » que pointe l’historien Vincent Martigny ?
« On pensait que le trumpisme en France se limitait à l’extrême droite. On se trompait. Nous avons G. Kasbarian, le Elon Musk français sans l’électricité », cingle le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur le réseau social, tandis qu’au sein de la macronie, l’aile gauche peine à masquer sa gêne. « Je n’ai pas compris qu’on avait le même agenda qu’Elon Musk », ironise l’ancien député de Paris, Clément Beaune.
« A Matignon, ils n’ont pas rigolé du tout »
Le propos de Guillaume Kasbarian, à même d’envenimer le climat social du pays, n’a pas été du goût de Matignon. A l’issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, s’est efforcée de temporiser. « Mon collègue Guillaume est extrêmement mobilisé depuis des années sur la nécessité de simplifier et de débureaucratiser l’administration française. Il a félicité son homologue et ça s’arrête là », a-t-elle assuré.
« A Matignon, ils n’ont pas rigolé du tout de ce tweet », avait-elle observé, en privé, auprès d’un élu Renaissance. « Saluer la nomination d’un homologue, dont l’exécutif a été élu démocratiquement, ne vaut pas adhésion », appuie-t-on dans l’entourage de Guillaume Kasbarian.
L’auteur de la loi anti-squat, reconnaissable à sa moustache en guidon, assume ses positions libérales. Ancien consultant, surnommé le « cost-killer » pour les économies qu’il compte engranger en simplifiant l’administration française, Guillaume Kasbarian n’a pas été le seul à applaudir les nouvelles fonctions du milliardaire sud-africain. « Un comité de la hache anti-bureaucratique, j’en ai rêvé et @elonmusk va le faire ! », écrit sur X l’ancienne candidate à la présidentielle pour les Républicains (LR), Valérie Pécresse. « Le ministre Kasbarian verse dans le populisme anti-fonction publique », conclut Sacha Houlié, député de la Vienne et ancien macroniste.
