Bonjour à toutes et tous,
Bienvenue dans cette 54ᵉ édition du Brief de Jeune Afrique. Cette semaine, nous vous emmenons au Sénégal, à la veille des législatives, au Mali, où les tensions s’accentuent entre les miniers et la junte dirigée par Assimi Goïta, en RDC, où Félix Tshisekedi veut changer la Constitution, au Maroc, à qui la France a promis des archives, et enfin en Côte d’Ivoire, où les viticulteurs américains espèrent se tailler une part du juteux marché des vins importés.
1 – Législatives au Sénégal : Ousmane Sonko-Macky Sall, match retour ?
2 – Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’Australien Resolute en détention
3- RDC : pour Félix Tshisekedi, une révision constitutionnelle semée d’embûches
4 – Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
5 – La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs américains
Législatives au Sénégal : les enjeux d’un « match retour »
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Match retour. Macky Sall face à Ousmane Sonko. Beaucoup de Sénégalais se préparaient à cette affiche lors de la dernière présidentielle. Mais, au terme d’une crise politique sans précédent, le président sortant a finalement décidé de ne pas briguer un troisième mandat, et son principal opposant a dû laisser la tête d’affiche à Bassirou Diomaye Faye, qui a largement remporté l’élection. Huit mois plus tard, les législatives qui se tiennent ce dimanche 17 novembre ont donc tous les airs d’un « match retour » entre les deux hommes, chacun conduisant sa liste.
Croisade. L’ex-président affirme avoir été « amené » à redescendre dans l’arène par « les circonstances de la vie politique sénégalaise ». Mais Macky Sall, qui a mené campagne depuis l’étranger, semble également être engagé dans une croisade personnelle contre son meilleur ennemi, tout en cherchant, selon nombre d’observateurs, à « se défendre » face au duo qui a pris les rênes du pays.
Pour Macky Sall, « ces législatives constituent un enjeu d’immunité parlementaire. En se lançant à nouveau dans la bataille, il veut aussi freiner d’éventuelles poursuites », résumait un observateur de la vie politique, fin octobre, dans l’analyse des dessous du come-back de Macky Sall signé par Marième Soumaré et Hermann Boko.
Reprendre la main. Pour Ousmane Sonko, l’objectif est clair : reprendre la main sur l’Assemblée nationale, en y faisant déferler une « vague Pastef » qui lui permettra d’appliquer la politique de « rupture » que le Premier ministre et le président sénégalais promettent depuis leur arrivée au pouvoir.
Ousmane Sonko – qui s’est montré particulièrement offensif dans cette campagne, multipliant notamment les attaques contre le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye – n’a en effet toujours pas prononcé son discours de politique générale devant le Parlement sénégalais. Son pari ? Le livrer dès l’investiture de l’Assemblée qui sortira des urnes ce dimanche, et qu’il espère très largement acquise à sa cause.
2 – Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’Australien Resolute en détention
Coup de tonnerre aurifère. L’information a provoqué une onde de choc dans le secteur minier : Terry Holohan, directeur général de la société minière australienne Resolute Mining Ltd., a été interpellé vendredi 8 novembre à Bamako, et placé en détention. Plusieurs cadres de l’entreprise ont également été arrêtés. Placés en garde à vue, ils n’ont, à l’heure où nous écrivions ces lignes, pas été libérés.
Présomption de corruption. Que reproche la justice malienne au dirigeant de Resolute ? Très peu d’informations ont filtré sur ces arrestations, qui interviennent sur fond de bras de fer entre les entreprises minières présentes au Mali et la junte dirigée par Assimi Goïta. Les investigations des enquêteurs du pôle spécialisé dans la lutte contre la corruption portent sur des présomptions de faux et d’atteinte aux biens publics. Le coup est dur, pour Resolute, qui détient 80 % des parts de la filiale propriétaire de la mine de Syama (sud-ouest), les 20 % restants étant entre les mains de l’État malien, et est aussi présent au Sénégal et en Guinée.
3- RDC : pour Félix Tshisekedi, une révision constitutionnelle semée d’embûches
Volonté. Alors que, depuis plusieurs mois, ses proches laissaient entendre que le président congolais avait l’intention de modifier la Constitution, Félix Tshisekedi est « sorti du bois », le 23 octobre dernier, fustigeant un texte « rédigé à l’étranger par des étrangers ». Le chef de l’État congolais assume désormais pleinement sa volonté de modifier le texte.
Prudence. Comment Félix Tshisekedi compte-t-il s’y prendre ? Quels seront les contours de cette réforme ? La présidence affirme que « toutes les options sont sur la table », relève Romain Gras, dans le décryptage qu’il consacre à ce sujet, explosif en RDC. Car, dès l’intention du chef de l’État connue, des voix se sont élevées, dans l’opposition comme dans la société civile, pour mettre en garde contre une éventuelle volonté du président de modifier la Constitution en vue de briguer un nouveau mandat. « Félix Tshisekedi a renié toutes ses convictions sur la Constitution », tonne notamment l’ancien député Delly Sesanga, qui a accordé ce vendredi une interview à JA.
4 – Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
Archives coloniales. Lors de sa visite officielle au Maroc, fin octobre, le président français Emmanuel Macron a promis de livrer au royaume des archives portant sur la période coloniale. Un transfert qui n’est cependant pas une première : un premier lot de documents avait été remis par pari à Rabat en septembre 2002, nous apprend Farid Bahri. Il s’agissait alors de permettre aux chercheurs, ethnologues et sociologues, de plonger dans les relations entre les tribus marocaines et les colons français.
Frontières disputées. Cette fois, les documents qui seront mis à disposition du Maroc ont une teneur hautement sensible : il s’agit en effet de préciser les frontières orientales et méridionales de l’empire chérifien, systématiquement grignotées dès 1880 par la France et l’Espagne. Il s’agit notamment de la question du tracé de la frontière algéro-marocaine, qui coïncide, au moins en partie, avec la conquête française de ce que les géographes arabes appellent le Maghreb al-Awsat (« le Maghreb central »). Autre zone frontalière qui fait l’objet de polémiques : le Sahara. Là encore, la pression coloniale s’est fait sentir dès la seconde moitié du XIXᵉ siècle.
5 – La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs américains
Champagne ! Le vin – et particulièrement les vins pétillants, dont le champagne et ses ersatz – est désormais solidement enraciné dans les habitudes de consommation des Ivoiriens. En 2023, ils sont devenus les principaux importateurs de vin sur le continent : cette année-là, c’est l’équivalent de 64 millions de dollars de vin importé qui a été écoulé dans le pays. Pour en savoir plus sur le type de breuvage qui a la faveur des Ivoiriens, découvrez les infographies signées Maylis Dudouët, qui décrypte les dessous de ce juteux marché.
Made in USA. C’est l’Espagne qui fournit la plus grande partie du vin consommé par les acheteurs ivoiriens, suivis – de très loin – par la France. Mais les producteurs américains lorgnent désormais en direction des rives de la Lagune Ébrié : « Avec une classe moyenne en pleine expansion et un niveau de vie qui s’améliore, la Côte d’Ivoire offre de nouvelles opportunités en tant que destination d’exportation de vins des États-Unis », soulignent les experts du Département américain à l’Agriculture, qui incitent « leurs » viticulteurs à se lancer à la conquête des caves ivoiriennes.