Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère, sera jugé en janvier

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Une explosion de joie retentit aux abords du tribunal judiciaire de Fort-de-France, vendredi 15 novembre, peu après 19 heures. « Wouj ! Wouj ! Wouj ! » (« Rouge ! Rouge ! Rouge ! », en créole), scande la foule d’un millier de personnes, au son des tambours et des conques de lambi, instruments indissociables des manifestations en Martinique.

Au terme de cinq heures d’audience en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel, Rodrigue Petitot, le leader du collectif contre la vie chère, qui avait été interpellé mardi, est laissé libre sous contrôle judiciaire. Le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), le collectif qui a lancé, début septembre, une série de manifestations pour exiger la baisse des prix des produits alimentaires dans les supermarchés, avait été libéré la veille au bout de quarante-huit heures de garde à vue.

Dressé sur le mur d’enceinte du bâtiment comme sur un piédestal, entouré de ses trois avocats, le militant savoure son triomphe et harangue ses sympathisants, vêtus de rouge en signe de ralliement. « Nous avons gagné ce combat et nous allons gagner encore », tonne-t-il, en créole, sous les acclamations.

« Garde à vue de confort ministériel »

Cette décision du tribunal sera sans doute de nature à apaiser, au moins temporairement, les tensions qui montaient depuis l’arrestation de M. Petitot. Mardi soir, de nouvelles émeutes ont éclaté à Fort-de-France, après deux semaines d’accalmie. Au cours de ces échauffourées, trois gendarmes ont été blessés légèrement et six magasins ont été pillés dans le chef-lieu de l’île, durement éprouvé par plusieurs nuits de violences en septembre et octobre.

Mais l’affaire pour laquelle M. Petitot comparaissait n’est pas encore jugée : le président du tribunal a renvoyé le procès au 21 janvier 2025, accédant à une demande formulée par le militant en début d’audience. « Depuis qu’on m’a libéré de prison, en 2019, je me suis tenu droit », avait-il dit à la barre, la main droite engoncée dans une attelle – séquelle d’une blessure qu’il avait subie début octobre, en tentant d’échapper à des CRS pendant une manifestation –, et le bras gauche en écharpe, résultat de son interpellation musclée, devant son domicile, à Fort-de-France.

La justice lui reproche, entre autres, d’avoir fait irruption dans la résidence préfectorale, lundi soir, « en forçant l’entrée avec un véhicule », a souligné Thomas Lamorelle, le président du tribunal, mais aussi d’avoir « exercé volontairement des violences » contre une personne dépositaire de l’autorité publique, « usé de menaces », d’actes d’intimidation et commis un outrage contre la personne de Jean-Christophe Bouvier, le préfet de Martinique.

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