Un rapport du Sénat pointe l’« irresponsabilité » des gouvernements Borne et Attal sur la gestion du déficit public

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Des conclusions particulièrement sévères. La mission d’information du Sénat sur le dérapage du déficit public a rendu son rapport, ce mardi 19 novembre, dans lequel elle épingle les gouvernements précédents pour leur « irresponsabilité budgétaire assumée ». Ils sont coupables, selon elle, d’une « inaction » et d’un « attentisme dommageables » face à l’explosion du déficit attendu à 6,1 % du PIB en 2024, contre 4,4 % prévus initialement.

La mission d’information de la Chambre haute a été menée en début d’année 2024, avant d’être relancée ces dernières semaines face à une dégradation des comptes bien plus inquiétante que prévu. Elle s’est conclue la semaine dernière après les auditions de plusieurs dirigeants comme Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Élisabeth Borne, qui se sont souvent renvoyé la balle, défendant leur bilan. En vain. Le rapport estime en effet qu’ils ont tous leur part de responsabilité dans la dérive du déficit.

« Au sentiment général du déni collectif sur la situation des finances publiques, s’ajoute désormais un sentiment d’irresponsabilité de ceux qui étaient alors au gouvernement », a lancé, lors d’une conférence de presse, le rapporteur de cette mission « flash » Jean-François Husson (Les Républicains).

« Le gouvernement connaissait en réalité l’état critique de nos finances publiques dès le mois de décembre 2023. Il aurait dû, selon nous, réagir vigoureusement. Mais il ne l’a pas fait », a poursuivi le président socialiste de la commission des Finances, Claude Raynal, selon des propos rapportés par l’Agence France-Presse (AFP).

« Double discours » de Bruno Le Maire et Thomas Cazenave

Les deux sénateurs, qui se sont notamment appuyés sur diverses notes internes du Trésor, estiment que les services de l’État disposaient d’informations sur le dérapage des finances publiques dès la fin 2023 et que le gouvernement a tardé à agir ou communiquer sur le sujet. D’après les conclusions, consultées par Public Sénat, « aucune mesure d’ajustement n’a été prise en décembre 2023 » pour modifier le projet de loi de finances de 2024, malgré plusieurs alertes.

À LIRE AUSSI Le président Macron et la dette : histoire d’une fauteEn outre, les sénateurs pointent le « double discours de Bruno Le Maire et Thomas Cazenave », s’appuyant sur une missive envoyée le 13 décembre 2023 par les ex-ministres de l’Économie et des Comptes publics, où ils recommandaient à l’ancienne Première ministre de communiquer sur « le caractère critique de [la] situation budgétaire ». « En mai 2024, les propos tenus par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave devant le Sénat sont en totale contradiction avec ce qu’ils ont défendu au sein du gouvernement », constate le rapport, égratignant au passage Élisabeth Borne « qui ne saurait s’exonérer de ses responsabilités ».


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Lors de leurs auditions, les anciens ministres se sont eux défendus de toute « dissimulation », assurant tous avoir « maîtrisé la dépense » et avoir réagi avec célérité au fil des actualisations économiques, en gelant des milliards de crédits notamment. Bruno Le Maire avait aussi renvoyé une partie de la responsabilité sur ses successeurs, reprochant au gouvernement Barnier de ne pas avoir « mis en œuvre » des mesures de redressement préparées durant l’été par l’équipe démissionnaire.

À LIRE AUSSI « Ni faute ni dissimulation » : la contre-attaque de Bruno Le Maire sur le dérapage du déficitFace à ce rapport cinglant, les anciens ministres, Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Élisabeth Borne et Thomas Cazenave, ont annoncé au Monde qu’ils tiendraient une conférence de presse commune ce mardi après-midi.


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