Le cours du bitcoin, qui avait commencé l’année à 38 000 dollars, flirte maintenant avec les 100 000 dollars. Une sacrée envolée qui, au cours des dernières semaines, doit beaucoup à l’effet Trump. Lors de sa campagne électorale, le président élu n’avait pas oublié de participer, en juillet, à la Conférence bitcoin 2024 de Nashville, histoire de ne pas décevoir les acteurs du monde crypto qui ont compté parmi ses plus gros financiers.
Dans la capitale du Tennessee, oubliant qu’il y a quelques années il parlait « d’arnaque », le nouveau converti a promis cette fois avec son bitcoin Act de faire des États-Unis la terre d’élection de cette monnaie électronique. Trump s’était aussi engagé à limoger l’ennemi juré de la communauté crypto, Gary Gensler, le président de la SEC, l’autorité boursière qui s’est illustrée en multipliant les actions en justice contre ses acteurs (Binance, Kraken, Coinbase…).
Les ETF bitcoin au comptant
Légitimement préoccupé par la multiplication des opérations de piratages ou de blanchiments, sans même parler des faillites de Terra ou de FTX, Gensler souhaitait obtenir dans le monde des cryptos autant de transparence que dans la finance traditionnelle. Attitude intenable pour les partisans des cryptos qui, considérant que le parallèle n’est pas fondé, réclament un régime particulier. Le mandat de Gary Gensler courrait jusqu’à 2026, il a préféré démissionner et Trump n’aura même pas à le licencier. Les crypto-geeks exultent.
Pour eux, ces changements au sommet – il est question aussi qu’un responsable des cryptomonnaies soit nommé à la Maison-Blanche – ne rendent que plus belle l’envolée du bitcoin. Peu importe qu’un ressac survienne plus tard, ces dernières années, leur monnaie fétiche a largement démontré qu’elle pouvait rebondir.
Aujourd’hui les prédictions les plus folles circulent, avec la palme pour la papesse de la tech, Cathie Wood, dont le fonds crypto Ark voit le bitcoin à 1,5 million de dollars en 2030 ! Selon elle, la création cette année, des ETF bitcoin au comptant « booste » la demande. Ces ETF, titres indexés sur la valeur du bitcoin, permettent à chacun de jouer la monnaie électronique sans même en posséder, ce qui élargit considérablement la clientèle. Ce sont en fait les promoteurs de ces titres (Black Rock, Grayscale, Fidelity…) qui, pour se couvrir, doivent, eux, s’en procurer, tirant le cours vers le haut. Les ETF bitcoin connaissent déjà un beau succès : leur valeur a dépassé celle des ETF indexés sur l’or.
Le bitcoin, un objet monétaire non identifié
Autant de succès qui déconcertent les experts de la finance, même si, globalement, le bitcoin, avec une capitalisation inférieure à 2 000 milliards de dollars, reste périphérique (110 000 milliards pour les valeurs boursières dans le monde). Un spécialiste réputé comme Patrick Artus reste profondément sceptique : sur BFM, il laissait entendre récemment que le bitcoin finirait dans un krach comme celui des bulbes de tulipe en 1635 aux Pays-Bas. Au contraire, deux experts de la Banque centrale européenne viennent de publier un long article qui table sur une hausse permanente du cours.
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En fait, le bitcoin est un objet monétaire non identifié. En 2008, son créateur supposé, Satoshi Nakamoto, voulait en faire une monnaie pleine et entière (unité de compte, instrument de transaction et réserve de valeur) totalement indépendante de toute autorité, de toute banque centrale, afin que les particuliers puissent l’échanger librement en un clic. Un rêve libertarien permis grâce à une technologie révolutionnaire, la blockchain et un algorithme génial jamais pris en défaut qui a fait du bitcoin le roi des cryptos (60 % du marché).
Aujourd’hui, le projet est sérieusement dévoyé. Si le bitcoin se subsiste aux monnaies traditionnelles, c’est uniquement dans les pays rongés par l’inflation ou peu bancarisés (Argentine, Nigeria, Venezuela, Turquie…). Pour le reste, il n’est qu’un outil sans véritable utilité autre que spéculative, sa rareté étant artificiellement entretenue par le fait qu’il ne sera pas émis plus de 21 millions d’unités – on en est proche… Tout cela n’a pas empêché le petit Salvador de lui conférer un cours légal, sans que sa situation s’améliore.
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Mais lorsque le futur président des États-Unis envisage de constituer une réserve stratégique en bitcoins, la surprise est de taille. Constituée de fonds saisis par la justice américaine, elle pourrait, au départ, être dotée de 200 000 unités soit environ 20 milliards de dollars. Un casse-tête pour la Réserve fédérale et une hérésie totale pour les authentiques « bitcoiners » qui bannissent toute autorité, une hérésie qui ces jours-ci les réjouit grandement…
