Au Kenya, les Eglises se détournent du président Ruto

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Les chrétiens sont-ils en train de lâcher William Ruto ? Depuis la mi-novembre, plusieurs organisations religieuses critiquent publiquement le président kényan et sa politique. Une première depuis l’arrivée à la tête de l’Etat en septembre 2022 de cet adepte de l’African Inland Church, bénéficiaire du soutien des églises pour accéder au pouvoir.

La dernière critique en date est venue le 22 novembre des églises Akurino, une congrégation chrétienne d’environ 500 000 membres, dont les leaders ont demandé au président de réaligner sa politique sur ses promesses de campagne.

La première était partie le 14 novembre de la puissante Eglise catholique du Kenya. Ce jour-là, la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) est sortie de sa neutralité habituelle sur les affaires du pays pour accuser vertement William Ruto et son gouvernement de « culture du mensonge ».

Les évêques ont pointé la corruption, la hausse des taxes et la réforme inaboutie du système de santé. Les prélats se sont dits inquiets d’un projet de loi prévoyant de rallonger la durée du mandat présidentiel. « Un mandat limité à deux fois cinq ans, comme prévu par la Constitution actuelle, semble largement suffisant », pointe leur communiqué.

« Taxes punitives, crises de l’emploi… »

La déclaration des évêques a fait l’effet d’une bombe. Dans ce pays chrétien à 85 %, l’Eglise catholique occupe une place centrale. Près de 10 millions des 55 millions de Kényans sont de confession catholique et une part importante des écoles du secondaire et des hôpitaux sont tenus par des religieux.

Dans les jours qui ont suivi, l’Anglican Church of Kenya (ACK) et la Presbyterian Church of East Africa (PCEA) ont, à leur tour, critiqué le pouvoir. « Les Kényans se débattent avec des taxes punitives, des crises de l’emploi et un environnement économique défavorable », a notamment dénoncé l’archevêque anglican Jackson Ole Sapit.

Les responsables catholiques se sont notamment dits particulièrement inquiets des assassinats et enlèvements inexpliqués d’opposants depuis les manifestations de juin et juillet. Les jeunes kényans étaient alors massivement descendus dans les rues pour protester contre un projet de loi de finance jugé injuste.

« Qui enlève ces personnes ? Et pourquoi le gouvernement n’est pas capable de mettre fin à ces enlèvements et ces assassinats », ont demandé les religieux. Selon les organisations de la société civile, près de 70 personnes ont été enlevées hors de tout cadre légal depuis le début des protestations et 26 sont encore portées disparues.

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