En novembre 2024, Google a introduit une nouvelle fonctionnalité dans son application iOS qui change significativement la dynamique entre le moteur de recherche et les sites Web tiers. Connue sous le nom d’annotations de page, cette fonctionnalité permet à Google d’ajouter automatiquement des liens sur des pages web externes lors de leur consultation via l’application Google, redirigeant ainsi les utilisateurs vers les résultats de recherche Google.
Fonctionnement des annotations de page et impact direct sur les sites web
Les annotations de page fonctionnent en identifiant des entités intéressantes sur une page web ouverte à travers l’application Google. Ces entités sont ensuite mises en évidence avec des liens qui, lorsqu’ils sont cliqués, dirigent l’utilisateur vers une page de résultats de recherche Google concernant cette entité spécifique. Le processus se déroule sans la nécessité d’une autorisation préalable du propriétaire du site web. Ce mécanisme se distingue par le fait que chaque recherche s’effectue dans une fenêtre pop-up au-dessus du site original, modifiant ainsi l’expérience utilisateur de manière notable.
Bien que cela puisse sembler une amélioration en termes de facilité d’accès à des informations connexes pour les utilisateurs, cela soulève également plusieurs préoccupations pour les propriétaires de sites web. En effet, ces derniers peuvent voir une partie de leur trafic détourné vers les résultats de recherche Google, ce qui non seulement affecte leur capacité à maintenir les visiteurs sur leurs propres pages, mais peut également avoir un impact financier négatif, notamment pour les éditeurs comptant sur les revenus publicitaires basés sur la durée de visite et les interactions utilisateur.
Options d’exclusion et délais de mise en œuvre
Google affirme qu’il est possible pour les propriétaires de sites web de refuser ces annotations de page en remplissant un formulaire prévu à cet effet. Cependant, il convient de noter que le processus d’exclusion peut prendre jusqu’à 30 jours avant d’être pleinement effectif. Cette latence peut poser problème à ceux cherchant des solutions immédiates pour éviter le détournement de trafic potentiel.
Cela montre bien la complexité des relations entre Google et les petits éditeurs de contenu qui doivent naviguer dans un environnement où les décisions prises par le géant du numérique peuvent avoir des répercussions significatives sur leur activité.
Un précédent : les formats AdSense et leur opt-in obligatoire
Ce n’est pas la première fois que Google introduit des fonctionnalités similaires. En avril 2024, Google avait lancé un format AdSense appelé « ad intents », qui convertit certains textes de sites web en publicités menant également aux résultats de recherche Google. Contrairement aux annotations de page, les « ad intents » nécessitent l’inscription volontaire des propriétaires de sites web au service (opt-in), soulignant ainsi une différence cruciale dans l’approche et le contrôle accordé aux administrateurs de sites.
Cette distinction dans les méthodes d’implémentation reflète les diverses stratégies de Google pour intégrer ses services tout en essayant de répondre aux critiques sur sa position dominante dans le domaine de la recherche en ligne.
Réactions et controverses autour de la domination de Google
Les nouvelles initiatives de Google comme les annotations de page ne manquent pas d’attirer l’attention des organismes de régulation et des critiques du secteur technologique. Des accusations de monopole ne sont pas rares, et cette dernière fonctionnalité pourrait renforcer les arguments selon lesquels Google utilise sa position dominante pour influencer le comportement des utilisateurs et accroître encore sa part de marché dans les recherches en ligne.
L’inquiétude centrale réside dans l’idée que de tels outils concentrent davantage le pouvoir entre les mains de Google, limitant ainsi la diversité des sources d’information accessibles directement par les internautes. Les éditeurs et autres acteurs du web soulignent souvent que ces mouvements réduisent leur visibilité et leur capacité à monétiser correctement leur contenu.
Il reste à voir comment cette fonctionnalité évoluera et quelle sera la réponse de la communauté internet. Certains prévisionnistes estiment que les régulateurs pourraient intervenir pour assurer un équilibre plus équitable entre les géants technologiques et les plus petits acteurs du web. D’autres recommandent aux éditeurs de diversifier leurs stratégies de génération de trafic et de revenu afin de réduire leur dépendance à l’égard des moteurs de recherche dominants.
Par ailleurs, Google continue de tester de nouvelles fonctionnalités, telles que l’ajout de recherches contextuelles rapides pour des recettes culinaires, ce qui montre son intention constante d’améliorer l’accessibilité et l’expérience utilisateur. Ces tests et déploiements successifs posent inévitablement des questions sur la direction que prendra Google quant à ses pratiques en matière d’intégration de contenu tiers.
