En Namibie, le vote pour la présidentielle prolongé jusqu’au matin

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L’élection présidentielle la plus disputée de l’histoire de la Namibie a tourné, mercredi 27 novembre, au désastre organisationnel : le vote, prolongé indéfiniment face aux immenses files d’électeurs, a duré jusqu’au jeudi matin, bien au-delà de la fermeture des bureaux de vote prévue la veille. « Dans plusieurs bureaux, on votait encore ce matin », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la commission électorale, Siluka De Wet, dans l’incapacité de confirmer si les opérations avaient cessé à 8 heures locales.

A l’Université des sciences et technologies dans la capitale, Windhoek, les opérations de vote n’ont pris fin qu’à 5 heures, ont indiqué à l’AFP des membres du bureau de vote ayant commencé, malgré la nuit blanche, le dépouillement. La centaine de chaises bleues empilées dans la cour témoigne de l’affluence jusque tard.

Est-ce l’indication d’une participation élevée qui serait un mauvais signal pour l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo, socialiste), le parti au pouvoir depuis l’indépendance, en 1990, plus défié que jamais ? Sa candidate Netumbo Nandi-Ndaitwah, en position de devenir la première femme présidente de ce pays d’Afrique australe, pourrait être contrainte à un second tour inédit. Une « option assez réaliste », selon Henning Melber, chercheur à l’Institut nordique de l’Afrique d’Uppsala, en Suède.

« Pénurie de bulletins »

Dans le bureau de vote de la mairie de Windhoek, comme dans d’innombrables autres dans le pays, les opérations ont été suspendues un moment la veille, faute de bulletins. Après une heure d’arrêt, des applaudissements pour saluer l’arrivée des blocs de papiers ont réveillé les électeurs somnolant assis, à 23 h 30. Le dernier électeur y a voté quatre heures et demie après la fermeture du bureau.

« C’est navrant d’attendre pendant des heures et des heures pour qu’il y ait des défaillances comme une pénurie de bulletins. Les électeurs se sont déplacés, mais la commission électorale nous a trahis », s’est désolé Reagan Cooper, cultivateur de 43 ans parmi la centaine de naufragés de la nuit devant l’hôtel de ville.

Armés de patience, de chaises pliantes et de parapluies pour venir à bout de files progressant à un rythme de pachyderme, les Namibiens ont piétiné parfois jusqu’à douze heures, sous un soleil de plomb, avant de pouvoir voter. Les tablettes servant à vérifier les identités au moyen des empreintes digitales ont aussi connu des pannes dans plusieurs bureaux.

Le Parti des patriotes indépendants (IPC), principale formation de l’opposition, a accusé la commission électorale de « tenter délibérément de dissuader les électeurs de voter », par la voix de sa secrétaire générale Christine Aochamus. Face aux critiques de tous les partis – Swapo comprise –, la commission a décidé d’une prolongation du vote « sans durée spécifiée », a indiqué son responsable pour la région de Windhoek, Rakondjerua Kavari.

Deuxième pays le plus inégalitaire de la planète

Netumbo Nandi-Ndaitwah, figure de la lutte pour la libération de 72 ans, affronte la concurrence de l’ex-dentiste et avocat Panduleni Itula, 67 ans, fondateur en 2020 de l’IPC. Sans formation sur laquelle s’appuyer en 2019, il avait réuni alors 29,4 % des suffrages.

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A l’issue de trois décennies de règne de la Swapo, mouvement d’inspiration marxiste du temps de la lutte contre l’occupation de l’Afrique du Sud de l’apartheid, la Namibie demeure selon la Banque mondiale, le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète, après justement l’Afrique du Sud.

Episode 2 | Article réservé à nos abonnés La Namibie, nouvel eldorado africain du pétrole offshore

Le chômage massif – en 2018, 46 % des 18-34 ans étaient sans emploi –, les inégalités persistantes et le renouvellement des générations ont érodé le soutien à la Swapo sur ce territoire désertique d’Afrique australe. La formation peut craindre le même sort que ses partis de libération frères dans la région, affaibli comme le Congrès national africain en Afrique du Sud ou balayé comme le Parti démocratique du Botswana au Botswana.

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