Après les avertissements de Moody’s et Fitch, l’agence de notation S&P Global Ratings (anciennement Standard & Poor’s) a décidé de maintenir la note de la dette souveraine de la France à AA− ainsi que sa perspective stable, vendredi 29 novembre, alors que le gouvernement multiplie les compromis pour tenter d’échapper à une motion de censure, qui pourrait intervenir dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale et plonger, estime l’exécutif, la France dans une « tempête » économique et financière.
« Malgré l’incertitude politique, nous nous attendons à ce que la France se conforme – avec un délai – au cadre budgétaire européen et consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme », a affirmé l’agence américaine dans un communiqué.
En mai, l’agence de notation américaine avait abaissé d’un cran la note française, de AA à AA−, avec une perspective stable, réduisant les risques d’une nouvelle dégradation dans l’immédiat. En octobre, Moody’s et Fitch avaient maintenu la note française en l’assortissant d’une perspective négative.
Après un recul sur les retraites ou les cotisations patronales, le gouvernement a accepté de ne pas augmenter une taxe sur l’électricité au-delà de son niveau d’avant le bouclier tarifaire, afin de satisfaire le Rassemblement national (RN), qui menace de s’allier à la gauche pour le renverser.
Pour François Villeroy de Galhau, le projet de budget va « dans la bonne direction »
Malgré ces « ajustements » effectués au projet de budget, qui prévoyait initialement 60 milliards d’euros d’effort en 2025, le premier ministre a assuré faire « tout pour rester autour de 5 % » de déficit public par rapport au produit intérieur brut (PIB), après un dérapage attendu à 6,1 % en 2024. La France repasserait sous le plafond européen de 3 % en 2029, une trajectoire validée par Bruxelles.
Et politiquement, le risque demeure. Vendredi, la cheffe de file du RN, Marine Le Pen, ne semblait pas disposée à renoncer à censurer le gouvernement la semaine prochaine, lui reprochant des concessions « pas financées par des économies structurelles » et de « précipiter la crise financière ».
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a prévenu vendredi que « reprendre le contrôle » des finances publiques relevait de « l’intérêt national » afin de ne pas alourdir le coût de la dette. Le projet de budget du gouvernement va « dans la bonne direction », selon lui.
Cette incertitude politique, qui se prolonge depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, agite les marchés. L’écart (spread) entre les taux souverains français à dix ans et ceux de l’Allemagne, considérée comme une valeur refuge en Europe, a atteint en début de semaine un pic depuis 2012. Le taux d’emprunt de la France est supérieur à ceux de l’Espagne et du Portugal, et pour la première fois mercredi il a dépassé brièvement celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite.