Le président du Syndicat tunisien des agriculteurs, Midani Dhaoui, a vivement critiqué le prix de vente de l’huile d’olive proposé par l’État à 12 dinars le litre. Lors de son intervention sur Mosaique fm ce lundi, il a déclaré que ce tarif est insuffisant pour couvrir le coût de production.
« Vendre l’huile d’olive à 12 dinars le litre est tout simplement inacceptable. Ce prix ne couvre même pas son coût de revient. Les producteurs revendiquent un prix minimum de 15 dinars par litre. Sinon, seuls les propriétaires de huileries tireront profit de cette situation, au détriment des agriculteurs », a-t-il affirmé.
Appel à une redistribution des subventions
Midani Dhaoui a appelé le gouvernement à revoir sa politique de subvention, en suggérant de rediriger les aides actuellement destinées à l’huile végétale vers les producteurs d’huile d’olive. « Cela permettrait de soutenir un secteur clé de l’économie tunisienne et de valoriser notre production locale », a-t-il expliqué.
Initiatives pour des prix préférentiels
Dans ce contexte, une réunion de coordination s’est tenue au siège du ministère du Commerce et du Développement des exportations le jeudi 12 décembre 2024. Les discussions ont porté sur les moyens de promouvoir l’huile d’olive dans les grandes surfaces à des prix préférentiels.
Le ministre du Commerce, Samir Obeid, a insisté sur la nécessité de prendre toutes les mesures pour garantir la commercialisation sur le marché intérieur tout en poursuivant les efforts pour l’exportation.
Les représentants des grandes surfaces ont affirmé leur engagement à soutenir cette initiative, contribuant ainsi à valoriser la récolte nationale.
Il convient de noter que cette saison a été marquée par une production abondante, estimée à 340 000 tonnes, ce qui a entraîné une baisse notable des prix. Le litre d’huile d’olive, vendu à 18 dinars au début de la récolte, est désormais à 14 dinars en moyenne, voire 12 à 13 dinars dans certains gouvernorats comme Kasserine.
Implication des mutuelles et coopératives
Par ailleurs, le gouvernement a récemment annoncé un programme visant à impliquer les coopératives et mutuelles dans la commercialisation de l’huile d’olive. Une circulaire adressée par le Chef du gouvernement aux ministres et secrétaires d’État invite les structures publiques à coordonner avec ces entités pour soutenir activement la promotion de l’huile d’olive sur le marché intérieur.
Les coopératives, qui bénéficient de financements publics et jouent un rôle crucial dans l’économie sociale et solidaire, sont appelées à acheter des quantités d’huile d’olive auprès de l’Office National de l’Huile. Elles doivent en outre proposer des facilités de paiement à leurs adhérents, tout en garantissant le règlement des montants dus à l’Office au moment de la réception.
Ce programme s’inscrit dans une stratégie globale visant à soutenir les agriculteurs et à améliorer le stockage et la valorisation de l’huile d’olive. Le gouvernement met en avant l’importance stratégique de ce secteur pour l’économie tunisienne et la nécessité d’assurer sa pérennité.
Des mesures gouvernementales attendues
Bien que les mesures annoncées par le gouvernement aient été saluées par le syndicat, Midani Dhaoui a déploré leur manque de concrétisation. Selon lui, cette inertie met en péril le secteur.
« L’absence de mesures concrètes complique davantage la situation et entraîne un effondrement des prix. Les producteurs sont dans l’attente de décisions urgentes », a-t-il déclaré.
Impact sur la récolte et le marché international
Midani Dhaoui a par ailleurs alerté sur l’état actuel de la récolte. « Le taux d’avancement de la récolte n’a pas dépassé les 30%. Cette situation risque non seulement de nuire à la qualité de l’huile produite, mais également à sa réputation sur le marché mondial », a-t-il prévenu. Il a appelé à une intervention rapide pour éviter une crise majeure dans le secteur.
L’huile d’olive, produit phare de l’agriculture tunisienne, est un pilier des exportations du pays. Selon les experts, soutenir les producteurs et garantir un prix juste est essentiel pour maintenir la compétitivité de la Tunisie sur les marchés internationaux et préserver un secteur qui emploie des milliers de familles.