JCC 2024 – Ma sélection subjective des films à ne pas manquer

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La 35ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) a ouvert ses portes dans une effervescence cinéphile palpable. Depuis deux jours déjà, les salles de la Cité de la Culture se remplissent à chaque projection, témoignant d’un public fidèle et passionné (je n’ai pas été au centre-ville de Tunis pour voir les autres salles).

Si l’ambiance y est conviviale et pleine d’enthousiasme, c’est aussi parce que les JCC demeurent un rendez-vous incontournable, où se mêlent cinéma mondial, hommages précieux et découvertes audacieuses. Comme chaque année, une sélection foisonnante de films se dispute l’attention des spectateurs nombreux et des critiques.

Si j’avais déjà partagé quelques suggestions dans mon article précédent sur le programme des JCC et sur mon compte Facebook, j’aimerais ici m’attarder plus en détail sur mes recommandations.

À travers cet article, je vous propose une sélection subjective pour cette édition : des œuvres incontournables, déjà primées dans des festivals internationaux, côtoient des films que j’ai hâte de découvrir en votre compagnie. Cette sélection, je l’espère, saura aiguiser votre curiosité et vous offrir de belles surprises cinématographiques.

Le film à voir absolument « Les graines du figuier sauvage« 

Bien évidemment, le film que j’ai le plus recommandé, et qui pour moi est Le film à voir – si vous ne devez en voir qu’un seul – est Les graines du figuier sauvage de l’iranien Mohammad Rasoulof. Ce film a remporté cinq prix lors du dernier Festival de Cannes et est nommé pour le Golden Globe 2025 du meilleur Film International. Ce film vient d’être shortlisté pour l’Oscar 2025. du Meilleur Film International. A ce jour, il est pour moi l’un des deux meilleurs films de l’année 2024. 

Les deux premières projections ont déjà été prises d’assaut par le public, preuve que l’engouement est à la hauteur de la réputation du réalisateur. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, il reste une troisième et dernière projection à ne pas manquer!

Deux types de recommandations

Il y a deux genres de films que je recommande : ceux que j’ai déjà vus et ceux dont j’ai entendu parler et que je vais essayer de découvrir avec vous.

Plusieurs films font leurs premières, je ne les connais donc pas encore et la presse spécialisée n’en a pas non plus parlé. Je ne peux donc pas le faire non plus, mais il est évident qu’il faut les découvrir aussi.

Je vais aussi laisser un peu de côté pratiquement tous les films tunisiens, bien qu’ils soient très nombreux dans cette édition. En fait, sachant que ces films seront prochainement distribués dans nos salles tunisiennes, je préfère attendre pour les voir plus tard. Je préfère privilégier les films qui ne seront probablement pas projetés en Tunisie. Ceci dit, je compte en voir quelques-uns pour participer à cette fête du cinéma tunisien. L’ambiance est parfois magnifique, surtout lors des premières ou des séances spéciales, et j’adore partager la joie et les émotions de mes compatriotes lors de ces projections.

Certains films tunisiens qui sont déjà sortis en salles et que nous n’avons pas pu voir à ce moment-là peuvent aussi mériter notre attention : c’est peut-être l’occasion de se rattraper.

Dans cet article, je vous recommande des films récents, mais d’autres qui remontent déjà à plusieurs années, que j’ai moi-même parfois vus il y a très longtemps, mais dont je garde un excellent souvenir, comme par exemple tous les films du réalisateur palestinien Hany Abu Assad.

1/ Les films que j’ai eu l’occasion de voir :

Section « Cinéma du monde »

En compétition longs métrages fiction

  • Arzé de réalisatrice libanaise Mira Shaib. Ce film a remporté deux prix au Festival International du Caire. (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici)

    Synopsis : Arzé est une mère célibataire vivant à Beyrouth avec sa sœur agoraphobe et son fils adolescent. Elle vole le bracelet de sa sœur pour financer un scooter, mais tout bascule quand celui-ci est volé.


     
  • Vers un pays inconnu de Mehdi Fleifel (Palestine).

    Ce beau film, très émouvant, vient de remporter le Yusr d’Argent et le Prix du Meilleur acteur à la 4ème édition du Festival International du Film de la Mer Rouge.

    Synopsis : Chatila et Reda, deux cousins palestiniens réfugiés à Athènes, tentent de réunir de l’argent pour de faux passeports et atteindre l’Allemagne.


     
  • Les enfants rouges de Lotfi Achour (Tunisie). Ce film vient de remporter deux prix importants au Festival International du Film de la Mer Rouge. (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici).

    Synopsis : Deux adolescents attaqués par des jihadistes voient leur vie basculer. Inspiré de faits réels, ce film explore le traumatisme et la résilience.


     
  • Le pont de Walid Mattar (Tunisie). (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici).

    Synopsis : Foued, Tita et Safa se retrouvent pour tourner un clip de hip-hop. Ils découvrent un énorme sac de cocaïne dans la rivière.

En hommage au cinéma jordanien

  • Inshallah a boy (2023) de Amjad Al Rasheed, lauréat du Gan Foundation Award for Distribution à Cannes. (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici)

    Synopsis : Jordanie, de nos jours. Après la mort soudaine de son mari, Nawal, 30 ans, doit se battre pour sa part d’héritage, afin de sauver sa fille et sa maison, dans une société où avoir un fils changerait la donne.


     
  • Daughters of Abdul Rahman (2021) de Zaid Abu Hamdan.

    Synopsis : Des années après avoir échappé à une vie dictée par la loi, quatre sœurs éloignées et excentriques sont obligées de se réunir pour retrouver leur père soudainement disparu. Au cours de leur voyage de recherche secret, des secrets sont révélés et de nouveaux points d’interrogation sont soulevés.

En hommage au cinéma palestinien

Il est évident que tous ces films palestiniens, qui datent souvent de longues années, seront aujourd’hui vu sous un angle différent suite à la guerre sanglante qui se poursuit en Palestine depuis le 7 octobre 2023.

  • 200 mètres (2020) de Ameen Nayfeh. Ce très beau film avait été sélectionné dans plusieurs festivals et remporté plusieurs prix avant d’arriver aux JCC 2020. Un film très émouvant qu’il ne faut pas rater. (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici).

    Synopsis : Mustafa d’un côté, Salwa et les enfants de l’autre, une famille vit séparée de chaque côté du Mur israélien à seulement 200 mètres de distance. Ils résistent au quotidien avec toute la ruse et la tendresse nécessaires pour « vivre » comme tout le monde, quand un incident grave vient bouleverser cet équilibre éphémère. Pour retrouver son fils blessé de l’autre côté, le père se lance dans une odyssée à travers les checkpoints, passager d’un minibus clandestin où les destins de chacun se heurtent aux entraves les plus absurdes.


     
  • The present (2022) de Farah Nabulsi (court métrage).

    Synopsis : Le jour de son anniversaire de mariage, Yusef part avec sa fille en Cisjordanie pour acheter un cadeau à son épouse. Entre les soldats et les checkpoints, comment faire facilement ses courses ?


     
  • The wanted 18 (2014) de Paul Cowan et Amer Shomali.

    Synopsis : Dans certains coins du monde, il n’y a rien de plus anodin que de posséder une ou plusieurs vaches. Dans d’autres, les implications sont bien différentes. En 1987, dans le petit village de Beit Sahour, par exemple, avoir des vaches a pu signifier, pour les occupés palestiniens, avoir la mainmise sur leurs propres moyens de subsistance, ne plus dépendre de la production israélienne pour fonctionner. C’est cette histoire de résistance pacifique organisée de l’intérieur, et qui mènera à une autre forme de désobéissance civile – la grève des impôts – durant la première Intifada, qu’évoque l’intelligent Les 18 fugitives. En mêlant avec beaucoup d’ingéniosité et de tendresse souvenirs, archives et animation, Paul Cowan et Amer Shomali reviennent sur cette histoire aussi fondatrice qu’extraordinaire

  • From ground zero (2024) de Rasheed Masharawi. Ce film est en train de faire le tour des festivals de cinéma du monde et a été sélectionné par la Palestine pour la représenter à l’Oscar 2025 du Meilleur film International et The Acadamy vient d’annoncer qu’il est shirtlisté!!. (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici).

    Synopsis : Anthologie de 22 courts métrages réalisés à Gaza depuis la guerre actuelle.


     
  • Bye bye Tiberiade de Lina Soualem.

    Synopsis : Hiam Abbass a quitté son village palestinien pour réaliser son rêve de devenir actrice en Europe, laissant derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept sœurs. Trente ans plus tard, sa fille Lina, réalisatrice, retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes. Véritable tissage d’images du présent et d’archives familiales et historiques, le film devient l’exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de féminité, de résistance, dans la vie de femmes qui ont appris à tout quitter et à tout recommencer.

Hommage au réalisateur palestinien Hany Abu Assad, président du jury longs et courts métrages de fiction:

  • Omar qui a remporté le Prix du Jury dans la section Un Certain Regard lors du Festival de Cannes et le Tanit d’Or des JCC 2014

    Synopsis : Omar vit en Cisjordanie. Habitué à déjouer les balles des soldats, il franchit quotidiennement le mur qui le sépare de Nadia, la fille de ses rêves et de ses deux amis d’enfance, Tarek et Amjad. Les trois garçons ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l’action. Leur première opération tourne mal. Capturé par l’armée israélienne, Omar est conduit en prison. Relâché contre la promesse d’une trahison, Omar parviendra-t-il malgré tout à rester fidèle à ses amis, à la femme qu’il aime, à sa cause?

  • Paradise now (2005). Après avoir remporté 4 prix au festival International du Film de Berlin, ce film a remporté le Golden Globes du Meilleur Film International et a été nommé à l’Oscar 2006 du Meilleur Film en langue étrangère.

    Synopsis : Deux amis d’enfance palestiniens, Khaled et Saïd, sont désignés pour commettre un attentat suicide à Tel Aviv. Engagés volontaires depuis plusieurs années dans une faction, ils sont liés par un contrat moral qu’ils ne peuvent ou ne veulent rompre. Ils passent une dernière soirée avec leurs familles sans pouvoir toutefois leur dire adieu. Le lendemain, munis de leurs ceintures d’explosifs, ils sont conduits à la frontière. Mais l’opération ne se déroule pas comme prévu…
  • Huda’s salon (2023)

    Synopsis :
    Reem, une jeune mère mariée se rend au salon de coiffure de Huda à Bethléem, en Palestine. Après avoir mis Reem dans une situation déshonorante, Huda la fait chanter et la contraint à donner des renseignements aux services secrets israéliens, et ainsi à trahir son peuple. Dans la nuit, Huda est arrêtée par Hasan, membre de la résistance… mettant en danger la vie de Reem et de sa famille.
  • The idol (2015) (Pour plus de détails à propos de ce film, cliquez ici)

    Synopsis : Un jeune Palestinien prend son destin en main pour réaliser son plus grand rêve : chanter.

Hommage au réalisateur tunisien Jilani Saadi

  • Insurrection. Ce film avait remporté le Tanit de Bronze aux JCC 2021, et bizarrement n’a pas fait une belle carrière lors de sa sortie en salles. Il est vrai que c’est un film assez particulier, mais je trouve qu’il faut vraiment le voir.

    Synopsis : Une nuit d’insurrection à Tunis, les rues et les banlieues sont devenues folles, plus rien ne fonctionne, la capitale est devenue un champ de bataille entre la police et les manifestants.
  • Tendresse du loup (2007)

    Synopsis : Une nuit froide, dans l’hiver tunisien. Stoufa, révolté et humilié par son père, rejoint sa bande de copains losers. Ils traînent dans les rues de Tunis, désoeuvrés, perdus. Plus tard dans la nuit, ils croisent une jeune escort girl, Saloua. La jeune femme est harcelée par la bande. Stoufa refuse de se joindre à l’acte barbare et essaye en vain d’arrêter ses camarades. Pourtant c’est de lui que Saloua se venge. Blessé et meurtri, Stoufa part à sa recherche…

2/ Les films que je compte découvrir avec vous

En compétition longs métrages fiction

  • Seeking haven for Mr Rambo (Égypte) de Khaled Mansour.

    Lauréat du Prix du Jury à la 4ème édition du Festival International du film de la Mer Rouge. Pour tous les éloges que j’ai entendus de ceux qui ont vu le film, je ne vais pas manquer d’y aller cette semaine.


    Synopsis : Dans une quête pour sauver Rambo, son chien et meilleur ami, Hassan est obligé d’affronter les peurs de son passé et de se redécouvrir.
  • Le lac bleu de Daoud Aouled Syad (Maroc)

    Ce film a remporté le Prix du Meilleur acteur au Festival International du Film du Caire.

    Synopsis : Youssef, un enfant, de douze ans, non-voyant, orphelin depuis l’âge de six mois vit avec ses grands-parents, Allal, chauffeur de taxi et Ouardia. Ils habitent dans un village perdu dans le désert. Un jour, son grand-père lui achète un appareil photo et commence alors à photographier tout ce qui l’entoure.

En compétition longs métrages documentaires

  • The brink of dreams/Les filles du Nil de Nada Riyadh et Ayman El Amir (Égypte)

    Lauréat de l’Œil d’Or au Festival de Cannes 2023.

    Synopsis : Dans un village du sud de l’Égypte, un groupe de jeunes filles coptes se rebelle en formant une troupe de théâtre de rue. Rêvant de devenir comédiennes, danseuses et chanteuses, elles défient leurs familles et toute la communauté avec leurs performances. Tourné sur 4 années, Les Filles du Nil suit le voyage de ces adolescentes pour devenir des femmes libres.

  • Abo Zaabal Prison 89 de Bassam Mortada (Egypte).

    Mention spéciale du Jury au Festival International du Film du Caire.

    Synopsis : Bassam Mortada avait cinq ans lorsqu’il rendit visite pour la première fois à son père Mahmoud dans la tristement célèbre prison d’Abo Zaabal. L’incompréhension était encore présente dans son esprit à l’occasion de l’opération de police. Mais au cours des années qui suivirent, le ressentiment prit le dessus. Bassam fut élevé par sa mère Fardous, elle-même militante socialiste. En tant que mère célibataire, sa vie était dure et lorsque Mahmoud fut enfin libéré de prison, il lui sembla une autre personne. Il partit pour Vienne et, pour la deuxième fois, elle fut abandonnée, cette fois-ci amère. Bassam s’éloigna de ses deux parents, refoulant son propre traumatisme et sa confusion. Dans ce documentaire, il filme ses efforts pour renouer et restaurer les relations avec ses parents et trouver un chemin vers la vérité historique, la compréhension émotionnelle et la guérison psychologique, tout en essayant de reconstruire la manière dont l’activisme politique de ses parents a façonné leur famille. À travers des conversations avec ses parents et leurs amis, des cassettes audio envoyées par son père de Vienne, un monologue théâtral du meilleur ami de son père, des archives de journaux et des images trouvées, il montre l’impact de la « grande » histoire de l’Égypte sur la « petite » histoire de sa famille.

Section « Cinéma du monde »

  • L’histoire de Souleyman de Boris Lojkine (France)

    Lauréat du Prix du Jury et Prix du Meilleur acteur à Cannes 2024 dans la section Un certain regard.

    Synopsis : Tandis qu’il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n’est pas prêt.


     
  • Black dog de Guan Hu (Chine).

    Lauréat du Prix Un certain regard 2024.

    Synopsis : Libéré de prison, Lang retourne dans sa ville natale du nord-ouest de la Chine. En tant que membre d’une patrouille canine chargée de se débarrasser des chiens errants avant les Jeux olympiques de 2008, il se lie d’amitié avec un chien errant noir. Les deux âmes solitaires se lancent ensemble dans un nouveau voyage.

Hommage au réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf

Bien que je ne les connaisse pas, je recommande tous les films de ce grand cinéaste sélectionnés dans cette édition des JCC, parce que je suis une très grande fan du cinéma iranien et parce que je garde un excellent souvenir de son film Le Président qui avait été programmé en séance spéciale lors des JCC 2014.

 

Cette sélection, bien que très subjective, témoigne de la richesse et de la diversité des propositions offertes par cette édition des JCC. Qu’il s’agisse d’œuvres engagées, de fictions marquantes ou de documentaires saisissants, chaque spectateur pourra trouver son bonheur au gré des projections. Les films récompensés dans de grands festivals internationaux côtoient ici des pépites inédites à découvrir sans attendre. Profitons ensemble de cette semaine de cinéma, d’échanges et de partage, dans l’esprit qui fait la singularité et la beauté des JCC.

Neïla Driss

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