Le Rwanda candidat à l’organisation d’un Grand prix de Formule 1, nouvel outil de rayonnement pour le pouvoir

Date:

Impossible de les rater devant le Kigali Convention Center. Du 9 au 13 décembre, les acteurs des sports automobiles, réunis pour la cérémonie annuelle de remise des prix de la fédération internationale de l’automobile (FIA), ont pu apprécier le circuit de karting installé pour l’occasion dans la capitale rwandaise et la présentation d’une voiture de course « made in Rwanda ». Autre attraction de l’événement, le pilote néerlandais Max Verstappen a reçu son quatrième trophée de champion du monde de Formule 1, directement des mains du président, Paul Kagame.

Pour cette première cérémonie sur le continent africain, le Rwanda n’a pas lésiné sur l’accueil. Celui-ci a presque valeur de test alors que Kigali se positionne depuis août pour l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1, en 2026. Paul Kagame l’a d’ailleurs officiellement confirmé en déclarant que « le Rwanda souhaite ramener le frisson de la course automobile en Afrique ». Jusqu’à présent, seuls l’Afrique du Sud (1993) et le Maroc (entre 1925 et 1958) ont accueilli ce type de compétition. Si le « pays des mille collines  » venait à être choisi, un circuit devra être construit près du nouvel aéroport de Bugesera – encoreen construction -, à 40 kilomètres à l’est de Kigali. Le coût est estimé à plusieurs dizaines voire centaines de millions de dollars.

« Pas de quoi effrayer les autorités », assure Irène Murerwa, directrice du tourisme du bureau de développement du Rwanda (RDB), alors que depuis plus de dix ans le pays est devenu une référence en matière d’organisation d’événements et de compétitions internationales. Kigali est désormais la deuxième ville hôte pour l’accueil de congrès, derrière Le Cap, en Afrique du Sud. Après l’accueil de la Ligue africaine de basket-ball en 2021, puis du 73ème congrès de la Fifa en 2023, la capitale rwandaise s’apprête à recevoir les championnats du monde de cyclisme sur route en septembre 2025.

« sport washing »

Des stades de football aux arènes multisports et terrains de golf, le pays, dont la croissance annuelle moyenne est de l’ordre de 7 % depuis 20 ans, a déjà investi plus de 300 millions de dollars pour se mettre aux normes internationales. « Pendant longtemps, le Rwanda était malheureusement connu pour le génocide perpétré contre les Tutsi. Aujourd’hui, on parle du Rwanda parce que nous sommes attractifs dans l’industrie du sport, mais aussi dans le tourisme » se réjouit Irène Murerwa, satisfaite de la nouvelle image que se construit le pays. Celui-ci a notamment engagé des partenariats avec les clubs de foot du PSG, en France, ou d’Arsenal à Londres.

S’il est globalement salué pour le développement de son économie, le Rwanda, qui s’est rebâti sous la férule autoritaire de Paul Kagame, fait aussi face à des accusations de « sport washing » par des ONG, comme Human Rights Watch. Selon elles, le président, réélu en août pour un quatrième mandat avec 98 % des suffrages, se servirait de l’image positive véhiculée par le sport pour laver son image et couvrir les violations de droits de l’homme dont il est accusé dans son pays mais aussi en République démocratique du Congo par l’entremise de la rébellion du M23. Une manœuvre pour que « le sport d’élite reste la prérogative des quelques pays qui l’ont historiquement contrôlé », rétorque la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo.

Réutiliser ce contenu

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related

Mondher Zenaidi devant la justice ?

L'avocat Faiçal Souilmi, membre de l'équipe de défense de...

Khelifa Guesmi remis en liberté

La Cour de cassation de Tunis ayant annulé et...

la composition du gouvernement de François Bayrou se fait attendre

« François Bayrou ne passera pas l’hiver »,...