La double peine des réfugiés arabes : Suspects quoi qu’ils fassent

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La double peine des réfugiés arabes : Suspects quoi qu'ils fassent

L’attaque du marché de Noël de Magdebourg révèle une réalité glaçante pour les réfugiés d’origine arabe en Europe : ils sont désormais suspects par essence, qu’ils soient pratiquants ou non, intégrés ou pas. L’affaire Taleb A. cristallise cette situation kafkaïenne où même le rejet de l’islam et l’engagement contre l’intégrisme ne suffisent plus à échapper à la suspicion généralisée.

L’intégration parfaite : un idéal devenu suspect

Ce Saoudien de 50 ans avait pourtant tout fait « comme il faut » selon les critères occidentaux : fuite d’un régime oppressif, rupture avec l’islam, engagement associatif pour aider les femmes victimes d’oppression religieuse. Cette attaque, qui survient presque huit ans après celle du marché de Noël de Berlin où un terroriste islamiste avait tué 12 personnes en fonçant sur la foule avec un camion, prend une dimension particulièrement perverse : son passage à l’acte meurtrier vient paradoxalement renforcer le discours de ceux qui prônent l’expulsion systématique des réfugiés arabes, considérés comme une menace permanente.

De l’accueil à l’expulsion : le grand revirement européen

L’ampleur du défi est considérable : en 13 ans de conflit syrien, ce sont 6,6 millions de personnes qui ont dû fuir leur pays, cherchant principalement refuge dans les pays limitrophes comme la Turquie, le Liban et la Jordanie. L’Allemagne, qui s’est distinguée en Europe en accueillant près d’un million de réfugiés syriens depuis 2011, semble aujourd’hui renier ses engagements humanitaires. L’empressement à proposer des primes au départ de 1000 euros témoigne de ce revirement radical, transformant un geste d’humanité en une politique d’éviction à peine déguisée.

Nous assistons à l’émergence d’un nouveau paradigme dangereux : le réfugié arabe serait condamné d’avance, porteur d’une violence intrinsèque qui ne demanderait qu’à s’exprimer, que ce soit au nom de l’islam ou contre lui. Cette vision essentialiste nie toute possibilité d’intégration véritable et transforme des populations entières en suspects perpétuels.

Les conséquences de cette approche sont dévastatrices. Non seulement elle pousse à l’expulsion de personnes vers des pays encore instables, mais elle crée aussi un cercle vicieux où la méfiance généralisée finit par produire exactement ce qu’elle prétend combattre : le ressentiment et la violence. Entre islamisme et islamophobie, le réfugié arabe se retrouve pris au piège d’une double condamnation, sans espoir d’échappatoire.

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