10 choses à savoir sur Netumbo Nandi-Ndaitwah, la première présidente de la Namibie 

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Élue à la tête de la Namibie le 4 décembre dernier, Netumbo Ndemupelila Nandi-Ndaitwah, 72 ans, a d’ores et déjà prévenu : « Cela ne va pas se passer comme d’habitude. » Le parti dont elle portait les couleurs, l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo), n’est pourtant pas un nouveau venu sur la scène politique namibienne. Du président Sam Nujoma, élu en 1990, à Hage Geingob, décédé en février 2024, la Swapo a en effet réussi à se maintenir au pouvoir pendant plus de trois décennies.

Netumbo Nandi-Ndaitwah sera investie au mois de mars 2025 pour un mandat de cinq ans. Elle a très largement devancé dans les urnes son principal adversaire.


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Le pays a connu une année mouvementée. Après la mort soudaine de Geingob, atteint d’un cancer, le vice-président, Nangolo Mbumba, a pris la présidence par intérim. Et c’est Netumbo Nandi-Ndaitwah, figure de la lutte pour l’indépendance et du nationalisme namibien, qui a été nommée à la vice-présidence, apparaissant rapidement comme la figure de proue de la Swapo.

1. Nationalisme

Surnommée « NNN », la nouvelle présidente est la fille d’un pasteur anglican, Petrus Nandi. Elle est née en 1952 à Onamutai, dans le nord du pays, à la frontière avec l’Angola, dans l’actuelle région de l’Ohangwena. Sous mandat sud-africain depuis 1920, la Namibie s’appelle encore le Sud-Ouest africain, un nom qui date de la colonisation allemande.

Le mandat sud-africain a beau être officiellement révoqué par les Nations unies en 1966, Pretoria maintient dans les faits son emprise et son contrôle. Le Parti national, mouvement afrikaner, tente même d’intégrer le Sud-Ouest africain à l’Afrique du Sud et d’y instaurer un régime ségrégationniste, similaire à celui de l’apartheid.

2. Détention et exil

Politisée dès son plus jeune âge, Netumbo Nandi-Ndaitwah assiste à la montée en puissance de la Swapo dans le nord du pays. Elle y adhère à l’âge de 14 ans, en 1966, au début de la guerre d’indépendance, alors qu’elle étudie dans une mission catholique à Odibo. Elle intègre bientôt la section jeunesse de la Swapo.


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Devenue présidente de la Ligue de la jeunesse, la jeune femme participe aux meetings et anime des réunions. C’est lors de l’un de ces événements qu’elle est arrêtée, en compagnie d’autres activistes, en 1973. Elle passera six mois derrière les barreaux. Condamnée à trois ans de prison avec sursis, elle choisit de s’exiler.

3. Relations internationales

En juin 1974, elle traverse la frontière angolaise, avant de se rendre à Lusaka, la capitale zambienne, où elle continue de travailler pour la Swapo. La même année, Nandi-Ndaitwah est d’ailleurs chargée de représenter le mouvement à la tribune de l’ONU, à New York, et y prononce un discours en faveur de la décolonisation. En compagnie d’autres militants, comme Hage Geingob, elle intègre l’équipe chargée des discussions avec les Nations unies.


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Parallèlement, elle étudie les relations internationales au Royaume-Uni, à Glasgow (Écosse), puis à l’université de Keele (Angleterre), où elle obtient un diplôme en diplomatie. Plus tard, elle effectuera aussi une formation au Komsomol, organisation des jeunesses communistes de l’URSS.

4. Le parti avant tout

Elle continue de gravir les échelons de la Swapo. En 1976, à l’âge de 24 ans, elle siège au comité central de la Swapo, la plus haute instance du parti, chargée des décisions exécutives.

De 1978 à 1986, elle préside la représentation du parti en Afrique de l’Est, à Lusaka puis Dar es-Salam. C’est au cours de cette période qu’elle épouse Epaphras Denga Ndaitwah, un militaire lui aussi pro-indépendance, qui fait partie de l’Armée populaire de libération de la Namibie, la branche armée de la Swapo. Le couple aura trois fils, tous nés en exil.

5. Mandats

En 1989, Netumbo Nandi-Ndaitwah rentre en Namibie. L’Afrique du Sud a accepté le principe de l’indépendance un an plus tôt, en échange du retrait des troupes cubaines de l’Angola voisin et de l’arrêt des aides soviétiques. L’élection d’une Assemblée constituante, supervisée par les Nations unies, donne la victoire à la Swapo et Sam Nujoma, cofondateur du parti, devient le premier président du pays. Netumbo Nandi-Ndaitwah siège au Parlement dès 1990.

Quand Hage Geingob est nommé Premier ministre, il la place au ministère des Affaires étrangères. Netumbo Nandi-Ndaitwah occupera pendant plus de trente ans plusieurs portefeuilles sans discontinuer : les Femmes et la Protection de l’enfance, puis l’Information, l’Environnement et le Tourisme, et, de 2012 à 2024, les Affaires étrangères.

6. Vice-présidente

En novembre 2022, elle est réélue à la vice-présidente du parti, ce qui la place, d’après les statuts de la Swapo, en première ligne pour l’élection présidentielle de 2024. « C’est le moment qui a été choisi pour que j’occupe cette position, lance-t-elle lors du congrès de l’organisation. Je demande aux membres du parti de me donner cette opportunité, je suis prête. »

Mais les derniers mois du mandat de Hage Geingob ne se déroulent pas comme prévu : le président meurt d’un cancer en février 2024. Son vice-président, Nangolo Mbumba, est investi à la tête du pays, comme le veut la Constitution, et c’est Netumbo Nandi-Ndaitwah qui le remplace à la vice-présidence de la Namibie. Mbumba ne se présente pas à l’élection organisée en novembre, et la candidature de Nandi-Ndaitwah est soutenue par la Swapo.

7. Première femme présidente

Élue dès le premier tour avec 57,31 % des voix, Netumbo Nandi-Ndaitwah est la cinquième présidente de Namibie depuis 1990, mais la première femme à occuper ces fonctions. Elle fait désormais partie, à l’instar de la Tanzanienne Samia Suluhu Hassan, de la liste restreinte des femmes qui sont à la tête d’États africains.

8. Continuité politique

La Swapo a été critiquée ces dernières années après plusieurs scandales de corruption, mais aussi en raison de l’augmentation du chômage et du taux de pauvreté. Face à elle, les partis d’opposition gagnent en popularité, et le quinquennat de Netumbo Nandi-Ndaitwah sera déterminant pour l’avenir du parti, au pouvoir depuis 1990. Héritière de Hage Geingob, figure de proue du parti et héroïne de la lutte pour l’indépendance… Tout indique que la nouvelle présidente se placera dans la continuité de son prédécesseur.

9. Conservatrice

Fervente catholique, elle affiche des positions très conservatrices, notamment sur la question de l’avortement et des droits des minorités LGBTQIA+. La Swapo a d’ailleurs voté en 2023 contre le mariage homosexuel.

Pour résoudre les défis économiques auxquels fait face le pays, la future présidente a assuré vouloir consacrer 85 milliards de dollars namibiens à la création de 500 000 emplois et s’attaquer au chômage des jeunes.

10. Élection contestée

Le 9 décembre, les Patriotes indépendants pour le changement, principal parti d’opposition, ont tenté de contester les résultats de l’élection présidentielle. Ils affirment que le scrutin a été « entaché d’irrégularités » : des délais supplémentaires de vote ont été octroyés par endroits et, dans certains bureaux, l’attente a été si longue que des électeurs ont dû renoncer à glisser leur bulletin dans l’urne. Ils trouvaient aussi suspicieux que dans le nord du pays, traditionnellement très favorable à la Swapo, le taux d’abstention ait été très faible. Ils n’auront pas été entendus.

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