Noël réduit en cendres, la peur au cœur des célébrations

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Alors que le monde entier illumine ses rues et partage des moments de joie pour Noël, les chrétiens de Syrie voient cette fête transformée en une saison de peur et d’incertitude. Ces derniers jours, l’incendie d’un sapin de Noël dans la ville de Sqeilbiya, située dans la province de Hama, a profondément marqué la communauté chrétienne. Cet acte, loin d’être une simple provocation isolée, reflète un schéma de persécution constant sous le contrôle de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS). Dirigée par Ahmed Hussein al-Sharaa, alias Abu Muhammad al-Jolani, HTS continue d’imposer une idéologie oppressive qui menace l’existence des minorités.

En parallèle, Jolani tente de redorer son image sur la scène internationale, se présentant comme un leader « pragmatique ». Pourtant, les récents événements, comme la destruction délibérée du sapin de Noël, dévoilent une réalité bien différente. Derrière le vernis de « modération » se cache un agenda de marginalisation et d’intimidation visant à effacer la diversité culturelle et religieuse de la Syrie.

Un symbole réduit en cendres

A Sqeilbiya, le sapin de Noël n’était pas qu’un ornement festif, mais un symbole de résilience et d’espoir pour une communauté ayant enduré des années de guerre. Cet acte de vandalisme, qui a laissé les habitants sous le choc, a été perçu comme une attaque ciblée contre leur identité. Une résidente, préférant garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a expliqué : « Ce sapin représentait notre espoir. Quand ils l’ont brûlé, c’était comme s’ils disaient : ‘Vous n’avez pas votre place ici.’ »

Cette attaque a déclenché des manifestations à Damas, où des centaines de chrétiens ont défilé pour dénoncer les persécutions qu’ils subissent. Marchant avec des croix et des pancartes, ils ont exigé le respect de leurs droits et une meilleure protection contre les actes hostiles. Une pancarte portait l’inscription : « Nous voulons la paix, pas la peur. » Pour beaucoup, ces protestations ne reflètent pas seulement l’indignation face à cet acte précis, mais un ras-le-bol face à des années de marginalisation.

Un jeune homme ayant participé aux manifestations a déclaré : « Nous ne demandons pas grand-chose. Nous voulons juste vivre sans peur. Est-ce trop demander ? »

Le « pragmatisme » de Jolani mis à l’épreuve

Ces derniers jours, certains diplomates occidentaux, notamment américains, ont décrit Jolani comme un leader « pragmatique ». Depuis qu’il a pris ses distances officielles avec Al-Qaïda, Jolani a multiplié les efforts pour repositionner HTS comme une autorité légitime dans le nord de la Syrie. En remplaçant ses tenues militaires par des costumes élégants et en apparaissant dans des interviews médiatiques, il s’est efforcé de remodeler son image.

Cependant, les récents événements, comme l’incendie du sapin de Noël et les actes d’intimidation contre les minorités, révèlent que ce prétendu pragmatisme n’est qu’une façade. Pour les chrétiens, les Kurdes, les Yazidis et d’autres groupes marginalisés, HTS reste un groupe animé par les mêmes motivations idéologiques. Une résidente d’Idlib a déclaré : « Ils l’appellent pragmatique parce qu’il porte un costume, mais ses actions montrent le contraire. Ce pragmatisme, c’est brûler nos symboles et nous réduire au silence. »

Un schéma de persécution enraciné dans l’histoire

L’incendie de Sqeilbiya n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une longue tradition de persécutions systématiques contre les minorités en Syrie. En 2013, HTS, alors connu sous le nom de Jabhat al-Nusra, avait attaqué la ville chrétienne historique de Maaloula, célèbre pour son patrimoine araméen et ses monastères anciens. Lors de cette attaque, 13 religieuses du monastère Mar Takla avaient été enlevées, utilisées ensuite comme monnaie d’échange dans des négociations avec le régime syrien.

Une des religieuses, libérée plus tard, a raconté : « Ils nous traitaient comme des outils. Il n’y avait aucun respect pour notre foi ou notre humanité. »

Aujourd’hui, les méthodes de HTS semblent avoir évolué. Les actions sont moins spectaculaires, mais leur objectif reste le même : semer la peur et éroder l’existence des minorités. L’incendie du sapin de Noël, bien qu’apparu comme un acte mineur, est pour les habitants de Sqeilbiya un signal clair de cette stratégie d’intimidation.

Persécution étendue à toutes les minorités

HTS ne cible pas uniquement les chrétiens. Les Yazidis, déjà traumatisés par les atrocités commises par l’État islamique, continuent de subir des menaces similaires sous le règne de HTS. Un survivant yazidi, actuellement déplacé, a expliqué : « Avec l’EI, nous savions ce qu’ils allaient faire. Avec HTS, ils prétendent être différents, mais leurs actions disent le contraire. »

Les Kurdes, en particulier dans la région d’Afrin, ont également été victimes d’une campagne systématique de destruction et de déplacements forcés. Sous le prétexte de combattre le séparatisme, des villages kurdes entiers ont été rasés. Un enseignant kurde a témoigné : « Ils ont pris nos maisons et détruit nos vies. Ils veulent effacer notre existence. »

Même parmi les musulmans sunnites qui ne partagent pas l’interprétation rigide de l’islam par HTS, la peur est omniprésente. Une chrétienne d’Idlib, blessée par une balle qualifiée de « perdue », a exprimé ses doutes : « Ils ont dit que c’était un accident, mais tout le monde sait ce que cela signifie. Ici, personne n’est vraiment en sécurité. »

Le faux semblant de gouvernance

Les tentatives de Jolani pour présenter HTS comme une autorité légitime et pragmatique continuent de susciter des critiques. Bien que HTS cherche à se présenter comme un acteur stabilisateur dans le nord de la Syrie, ses actions sur le terrain trahissent une réalité bien différente. Les persécutions persistantes, les intimidations et la suppression des identités minoritaires révèlent un agenda qui reste inchangé.

Un manifestant de Sqeilbiya a résumé : « Ce n’est pas de la gouvernance, c’est du contrôle. Ils veulent nous effacer, un acte après l’autre. »

Une responsabilité mondiale urgente

Alors que le monde célèbre Noël comme une saison de paix, d’unité et d’espoir, les cendres du sapin de Sqeilbiya rappellent l’urgence d’agir. Les minorités syriennes, qui font face à des persécutions systématiques, ont besoin d’une reconnaissance et d’une protection internationale. Le « pragmatisme » de Jolani, souvent loué par certains observateurs, ne peut masquer les actes de son organisation qui continue de diviser et de marginaliser.

Une femme âgée, interrogée lors des manifestations à Damas, a déclaré : « Tout ce que nous demandons, c’est de célébrer notre foi, de nous rassembler en famille et de vivre sans peur. Est-ce trop demander ? »

La communauté internationale doit répondre à cet appel. Protéger les minorités en Syrie, garantir leur droit à exister et préserver la diversité culturelle du pays ne sont pas des luxes mais des nécessités morales. Sans action décisive, la Syrie continuera de perdre son identité multiconfessionnelle, et avec elle, une partie de son âme.

Alors que les chrétiens de Syrie allument leurs bougies ce Noël, ils le font dans un acte de défiance et d’espoir, espérant que leurs voix seront enfin entendues.

 

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