Détenue par le fonds d’investissement OpenGate Capital depuis sa cession en 2019 par le groupe Bouygues, Smac change une nouvelle fois de mains. Le fournisseur de systèmes d’étanchéité et d’enveloppe du bâtiment passe sous le contrôle de Compagnie financière Jousset, qui appartient au cofondateur de Webhelp, le Français Frédéric Jousset. L’investisseur français prend trois quarts du capital, pour un montant non dévoilé, l’équipe dirigeante et 200 collaborateurs reprenant le quart restant via un LBO (rachat avec effet de levier).
Méconnue du grand public, Smac est une entreprise de taille intermédiaire (ETI) vieille de 140 ans et qui réalise environ 500 millions de chiffre d’affaires et une trentaine de millions d’euros de profit d’exploitation, avec 2 300 personnes, une soixantaine d’établissements en France et des activités au Maroc, au Chili, au Pérou et en Espagne. « Elle a débuté avec l’extraction dans les mines d’asphalte et la pose d’asphalte sur les trottoirs et les chaussées lors du développement de la circulation automobile au début du XXe siècle », rappelle Franck Davoine, président de Smac depuis 2016. Aujourd’hui, l’entreprise est spécialisée dans les travaux d’étanchéité, de façade architecturale et d’entretien-maintenance de l’enveloppe du bâtiment. « Elle a travaillé sur le chantier Roland-Garros en particulier la rénovation de l’enveloppe du court Philippe-Chatrier, l’hippodrome ParisLongchamp et plusieurs gares du Grand Paris, comme Villejuif, Le Bourget et Massy », poursuit-il.
Doubler de taille via des acquisitions
Le changement d’actionnariat doit lui donner les moyens d’accélérer son développement. La rénovation énergétique des bâtiments fait partie des chantiers prioritaires pour limiter l’impact du réchauffement climatique. En France, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il génère 25 % de l’empreinte carbone annuelle du pays. Après la fusion de Webhelp et Concentrix afin de créer le numéro deux mondial de la relation client, Frédéric Jousset cherchait à réinvestir le produit de la vente de Webhelp.
« Si l’on veut s’attaquer à la réduction des émissions carbone, il va falloir non seulement construire mieux mais aussi rénover l’essentiel de ce qui a été construit partout dans le monde. Smac a donc du travail pour les quarante prochaines années », explique l’investisseur. Frédéric Jousset fixe le cap : « Smac veut doubler de taille en cinq ans en poursuivant la croissance organique d’environ 10 % et par une stratégie d’acquisitions ciblées d’abord en France puis à l’international. » L’entreprise pourrait également se lancer dans des métiers annexes aux siens, comme les isolants et les enduits.
Le secteur de l’étanchéité des bâtiments reste un métier très fragmenté. Smac et Soprema, concurrent français beaucoup plus gros car très présent à l’international avec plus de 10 000 employés et un chiffre d’affaires de 4,8 milliards d’euros en 2022, détiennent 8 % de part du marché français. Certaines études évaluent le segment de l’enveloppe du bâtiment, en pleine croissance, à environ 6 milliards d’euros. Une aubaine pour la Smac, qui a déjà racheté en janvier dernier la société bretonne de couverture et bardage PCB.
