Au lendemain de son éviction de la manifestation du 1ᵉʳ-Mai à Saint-Etienne, le candidat du Parti socialiste (PS) et de sa formation Place publique aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, a dénoncé jeudi 2 mai sur le plateau de France 5 une « atmosphère délétère » dans le débat public.
« A un moment donné, il faut que ça s’arrête, parce que la violence des mots finit toujours en violence des faits. Il faut qu’on revienne à la raison, au débat républicain », a-t-il ainsi déclaré. L’eurodéputé avait dû être exfiltré par son service de sécurité après avoir été hué aux cris de « Cassez-vous », « Glucksmann casse-toi » ou encore « Palestine vivra » par des manifestants qui lui ont jeté de la peinture.
Le candidat socialiste a une nouvelle fois pointé du doigt Jean-Luc Mélenchon et « les cercles “insoumis” » qui ont, selon lui, « orchestré une campagne violente, mensongère contre [sa] propre personne, contre [ses] votes au Parlement européen, contre nos prises de position ». « Et c’est ça qui a produit cette atmosphère ensuite à Saint-Etienne », a-t-il fustigé.
Comme la veille, le candidat socialiste a de nouveau accusé des militants communistes et « insoumis » de l’avoir empêché de participer à ce rassemblement du 1ᵉʳ-Mai. Quelques heures plus tôt jeudi, la présidente du groupe « insoumis », Mathilde Panot, avait pourtant démenti une quelconque participation de sympathisants LFI à cette action, accusant M. Gluscksmann d’avoir « menti » sur ce sujet. Pour Mme Panot, l’eurodéputé a « monté lui-même [cet incident] en épingle pour accuser les “insoumis” ». « Raphaël Glucksmann, excusez-vous ! », avait également tonné Jean-Luc Mélenchon dans un message posté sur X mercredi après-midi.
Selon les « insoumis », cette action a été menée par les Jeunes Communistes de Loire, qui ont reconnu leur participation. Mais TF1 et LCI ont recueilli le témoignage d’un militant LFI, ancien suppléant d’une candidate LFI – non élue – aux législatives de 2022, revendiquant, drapeau « insoumis » sur l’épaule, « avoir fait partie de ceux qui l’ont expulsé ». « Je suis agressé par des militants radicaux et violents des Jeunes Communistes et des “insoumis” et ce serait moi qui devrais m’excuser ? Eh bien je ne m’excuserai pas », a répliqué jeudi soir M. Glucksmann.
« Ils ne nous impressionnent pas »
« Je veux dire à ces gens qui brutalisent le débat public qu’ils ne nous impressionnent pas », a-t-il ajouté, assurant que sa campagne « est conçue comme un antidote à cette brutalisation permanente du débat public ». Le candidat socialiste affiche son intention de mener « une campagne sur le sujet de l’élection, l’Europe ». « Quelle Europe de la défense face à Poutine ? Quelle Europe de l’a transition écologique face à la perspective de l’effondrement climatique ? », a-t-il énuméré.
Interrogé sur les raisons de cette action, M. Glucksmann estime que « c’est sans doute parce que notre camp a une dynamique [dans les sondages] ». Le candidat socialiste est placé en troisième position – en tête de la gauche et se rapprochant au fur et à mesure de la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer –, selon la quatrième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde.
« Ils s’énervent parce que nous sommes devant, qu’il [Jean-Luc Mélenchon] s’est pensé propriétaire de la gauche, a poursuivi M. Glucksmann. Je veux montrer qu’il y a encore une gauche humaniste, proeuropéenne qui tient tête, qui ne se laisse pas impressionner par la violence. »
Le candidat socialiste aux européennes a reçu plusieurs soutiens à gauche, dont celui du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, pour qui « rien ne justifie que Raphaël Glucksmann ait été exclu d’une mobilisation ce 1er-Mai à Saint-Etienne ». « Le mouvement social ne gagne rien à pratiquer l’oukase et l’exclusion », avait estimé le député du Nord dans un message sur X. « La conflictualisation à outrance et la colère attisée par certains portent leurs fruits, avait aussi fustigé pour sa part la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga. Voilà la société qu’ils nous proposent, ce n’est pas la nôtre. »
« Je me dresserai toujours contre toute forme de violence en politique. La politique ça peut être parfois un combat au sens noble du terme, mais ça doit toujours se faire dans le respect de l’intégrité des personnes », avait réagi pour sa part le premier ministre, Gabriel Attal, au cours d’un déplacement à Beaugency (Loiret).