Il a fallu une demi-heure à BFM-TV pour aborder un sujet européen, jeudi 2 mai, lors du débat qu’organisait la chaîne entre Jordan Bardella et Valérie Hayer, têtes de liste aux élections… européennes. Et une heure de plus à la candidate macroniste pour entrer dans un duel qu’elle avait, à ce stade, déjà perdu. A un mois du scrutin du 9 juin, face au candidat de l’extrême droite à qui les sondages attribuent plus de 30 % d’intentions de vote, l’eurodéputée (Renew) Valérie Hayer a peiné, sur le fond comme sur la forme, sans parvenir à mettre en difficulté Jordan Bardella sur ses points faibles. Le président du Rassemblement national (RN) a trouvé face à lui une candidate plus flexible que Raphaël Glucksmann, chef de file Place publique-Parti socialiste, qui l’avait poussé dans ses retranchements lors d’un débat le 12 avril.
La première question du présentateur Benjamin Duhamel – attribuer une qualité et un défaut à son adversaire – a d’emblée permis de situer les intentions des deux débatteurs. Valérie Hayer, plus agressive, a tenté de dénoncer l’imposture que constitue selon elle le programme européen du RN : le défaut était ainsi « la duplicité », et la qualité, « le culot d’énoncer autant de mensonges avec autant d’aplomb ». Jordan Bardella, lui, n’a qu’un capital de points d’avance à conserver et la droite à rassurer. Il s’est voulu beau joueur mais surtout moqueur : « J’ai beaucoup de respect pour vous. Vous êtes courageuse parce que vous représentez le bilan d’Emmanuel Macron et vous vous êtes portée candidate. »
Le leader d’extrême droite a multiplié par la suite les sarcasmes sur un ton léger, reflet de sa relative aisance dans un lieu et un contexte qu’il connaît bien mieux que son interlocutrice. Avec une audace confinant à l’arrogance, Jordan Bardella a même lancé, en fin d’émission : « J’ai l’impression que Mme Hayer a du mal avec les sujets européens. » Lui qui a traversé son mandat comme une ombre.
De nombreuses perches tendues
Jordan Bardella a eu l’avantage de commencer le débat sur deux thèmes à sa main, quoique choisis par la chaîne, et ne présentant aucun lien avec le scrutin européen : « l’hyperviolence des jeunes » et la révolte d’étudiants de Sciences Po Paris contre la guerre à Gaza. Sur ces deux sujets, Mme Hayer s’est longtemps refusée à couper la parole à M. Bardella, permettant au leader d’extrême droite de dérouler son argumentaire. Y compris pour dénoncer l’antisémitisme, question sur laquelle son parti offre pourtant quelques prises. Après une heure de débat, Valérie Hayer accusait quatre minutes de retard de temps de parole, ensevelie sous la parole de son adversaire.
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