En Afrique, la « cuisson propre », double combat pour les femmes et le climat

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Sans plus d’informations, le sommet de la « cuisson propre » organisé à Paris, mardi 14 mai, pourrait annoncer un rassemblement de férus d’arts ménagers. La présence d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernements africains, du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, du président azerbaïdjanais de la prochaine COP sur le climat, le tout sous l’égide du directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, suffit à balayer cette première intuition : l’affaire est autrement importante.

Il s’agit ni plus ni moins de parler des conditions de vie de près d’un milliard de personnes en Afrique – de femmes en particulier – dont une bonne partie de la journée et la santé sont grevées par l’utilisation de systèmes de cuisson rudimentaires alimentés au bois, au fumier animal ou par des résidus agricoles. Le plus souvent trois pierres sur lesquelles est posée une marmite à l’intérieur de la maison.

L’histoire n’a jamais fait la une des journaux, bien qu’elle soit à l’origine du décès prématuré de quelque 500 000 femmes et enfants sur le continent africain chaque année, du fait de maladies respiratoires liées à l’inhalation de particules toxiques, soit presque autant que le nombre de victimes du paludisme (environ 600 000 chaque année). Elle est aussi une des principales causes de la déforestation en Afrique. La gravité de ce problème lié à la pauvreté est cernée depuis longtemps et n’est pas spécifique à ce continent.

Mais alors que l’Asie – Chine et Inde en tête – et l’Amérique latine ont, en bonne partie, réussi à le résoudre au cours des vingt dernières années, le constat d’échec est ici quasi général. Au Bénin, en Ethiopie, au Liberia, en République démocratique du Congo, en Tanzanie… plus de 80 % de la population dépend toujours de la biomasse pour cuire ses repas. Au Nigeria, au Kenya ou au Ghana, 70 %. Pourquoi ? « Les gouvernements africains comme les banques multilatérales de développement n’ont jamais fait du sujet une véritable priorité », répond Fatih Birol, sans prendre de gants.

4 milliards de dollars par an

« Quand une femme passe en moyenne quatre heures par jour à aller ramasser du bois et à cuisiner, il ne lui reste pas beaucoup de temps pour faire autre chose. C’est une des inégalités de genre les plus flagrantes qu’aucun obstacle ne nous empêche de corriger. Les technologies sont disponibles et les sommes à mobiliser sont modestes », plaide-t-il, en affirmant que traiter le problème relève d’une obligation morale.

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