Aux États-Unis, presque aucun développeur ne choisit l’alternative de paiement introduite par Apple dans l’App Store en janvier. Si la commission prélevée par la marque à la pomme est moins importante, elle s’avère au final plus onéreuse pour les applications.
Une nouvelle politique visant à décourager les développeurs ?
Jusqu’alors, seuls 38 développeurs sur plus de 65 000 ont sauté le pas, a indiqué Apple lors d’une audience avec un juge fédéral. Aucun d’entre eux n’est considéré comme un acteur majeur. Une révélation qui soulève de nombreuses questions sur les nouveaux frais appliqués par l’entreprise suite à son procès contre Epic Games en 2021.
L’affaire a finalement été remportée par Apple sur neuf des dix chefs d’accusation. La société a uniquement été reconnue coupable d’avoir enfreint la loi californienne sur la concurrence déloyale en limitant la capacité des développeurs à communiquer sur des systèmes de paiement alternatifs, potentiellement moins onéreux. En conséquence, elle a introduit une nouvelle politique dans l’App Store pour se plier au jugement.
Les développeurs peuvent désormais insérer des liens menant à d’autres méthodes de paiement, ce qui, logiquement, leur permet d’éviter la commission de 30 % prélevée par la firme de Cupertino. Toutefois, Apple continue de collecter 27 % sur les achats réalisés via ces liens. Couplée aux frais de traitement des paiements, cette pratique est finalement plus coûteuse. Epic Games est rapidement montée au créneau en dénonçant cette nouvelle politique. Spotify, Match Group et Microsoft lui ont emboîté le pas.
« Il me semble que l’objectif était de maintenir le modèle commercial et les revenus que vous aviez dans le passé », a estimé la juge Yvonne Gonzalez Rogers, qui supervise depuis près de quatre ans le litige opposant Apple à l’éditeur de Fortnite, en s’adressant au vice-président des finances de l’entreprise, Alex Roman. L’audience, rapportée par Bloomberg, a révélé que la nouvelle taxe de 27 % a été approuvée par un comité comprenant le PDG Tim Cook et d’autres cadres supérieurs.
Le modèle d’Apple remis en question
Le modèle d’Apple est de plus en plus remis en question. En Europe, la société a été contrainte de modifier son écosystème et de l’ouvrir à la concurrence pour se conformer au Digital Markets Act (DMA). La Commission européenne lui a également infligé une lourde amende d’1,8 milliard d’euros pour pratiques anticoncurrentielles dans le streaming musical.
Aux États-Unis, outre son conflit avec Epic Games, le géant californien a été inculpé par le département de la Justice pour abus de position dominante. Tout ce qui a fait la renommée d’Apple, c’est-à-dire son écosystème fermé, est aujourd’hui menacé par les régulateurs.
