Les finances publiques, symptôme d’un déclassement réel ou supposé de la France sur la scène européenne

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Depuis quelques semaines, c’est l’angle d’attaque de la droite contre le gouvernement et sa gestion des finances publiques. La dégradation des comptes, accélératrice du déclassement réel ou supposé de la France sur la scène européenne, aurait fait basculer l’Hexagone dans le bloc peu enviable des pays d’Europe du Sud. Tandis que la gauche incite l’exécutif à s’inspirer du modèle américain en dépensant davantage, la droite brandit la menace ultime, quoique récurrente depuis la crise de la zone euro : à force de garder les vannes ouvertes, la France serait en train de prendre le chemin de la Grèce. C’est la prophétie du président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, dans Les Echos du 20 mars.

Ironie du sort, ce déclin français se produirait au moment même où la situation d’Athènes s’améliore aux yeux des investisseurs, puisque l’agence de notation Standard & Poor’s, qui doit rendre son verdict sur la dette française fin mai, a relevé la note attribuée à la dette grecque en octobre 2023 et s’apprête à recommencer.

« Nous serons bientôt les derniers en Europe : le Portugal a redressé ses finances, la Grèce suit le même chemin, et, nous, nous laissons nos dépenses publiques inlassablement se dégrader, renchérissait le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, le 14 avril dans Le Journal du dimanche. Ce qui fragilise notre économie et notre souveraineté. » Quinze ans après la grande crise de 2008, la France est-elle réellement en train de devenir la mauvaise élève de la zone euro ? A tort ou à raison, elle adore en tout cas se poser la question.

Les grands indicateurs des finances publiques tendent de fait à montrer que la situation de la France s’est détériorée par rapport à ses voisins européens sur le plan strictement budgétaire. « Le problème des finances publiques en France est pour nous le principal sujet de préoccupation, confirme Bertrand Pluyaud, chef du bureau France à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les chiffres montrent que la situation s’est dégradée ces dernières années. La France est en effet le pays de [l’union monétaire] dont la dette, rapportée au PIB [produit intérieur brut], a le plus augmenté depuis 2013 – de 16 points, contre une baisse de 4,7 points en moyenne pour la zone euro. »

Dans le même temps, les pays d’Europe du Sud, percutés par la crise des subprimes à partir de 2008 puis par celle des dettes souveraines, ont opéré une cure d’assainissement forcée. Comme le Portugal, dont la dette a reculé de 32 points en dix ans, ou la Grèce, où la sienne a baissé de 16 points, bien qu’elle demeure à des niveaux élevés (99 % du PIB pour le Portugal, 160 % du PIB pour la Grèce).

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