Assis par terre sur la mezzanine du gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de Paris, Alain (le prénom a été modifié), âgé de 26 ans, s’est déplacé pour y voir plus clair. Aux élections européennes 2019, premier scrutin auquel il a pu voter, c’est un bulletin communiste qu’il a choisi de glisser dans l’urne. Mais cette année, il hésite. Celui qui est pourtant encarté au Parti communiste français (PCF) est venu écouter Léon Deffontaines, de deux ans son aîné, pour se faire un avis.
Pour la tête de la liste, ce deuxième meeting, un mois après celui d’Amiens, est un « moment important de la campagne ». Le choix du lieu n’est pas anodin : « C’est ici, à Japy, en 2005, autour de Marie-George Buffet, que les partisans du “non” au traité constitutionnel européen se sont réunis pour découvrir les premiers sondages. Nous avions fait plier la droite et les libéraux », rappelle Léon Deffontaines. La salle applaudit.
Il souhaite incarner et mettre en scène l’image d’une gauche unifiée. Malgré la large présence de drapeaux à l’effigie du mouvement des Jeunes communistes dans la salle, l’étiquette communiste n’est pas mise en avant. Sur les banderoles attachées à la mezzanine, le logo PCF est relégué dans un coin, au profit de l’appellation de la liste qui regroupe plusieurs partis : la « gauche unie pour le monde du travail ». La soirée est, aussi, l’occasion d’annoncer le ralliement du Mouvement républicain et citoyen, petit parti protectionniste créé par Jean-Pierre Chevènement en 2003, et dont le président, Thierry Cotelle, est présent.
Une campagne « contre cette Europe libérale »
Sur scène, une dizaine de colistiers défilent pour défendre le programme du PCF. Sigrid Gérardin, enseignante en Seine-Saint-Denis et numéro deux sur la liste, est venue avec des élèves et employés du lycée professionnel où elle travaille. De quoi donner le ton de la soirée : le meeting est un moyen pour Léon Deffontaines de se placer en défenseur des travailleurs français face à l’Europe libérale.
La tête de liste souhaite marquer sa singularité à gauche, et axer sa campagne sur les questions sociales, en opposition à « la gauche, qui se divise sur des questions de société ». Au pupitre, il attaque les institutions européennes : « Nous menons une campagne sans concession, contre cette Europe libérale, contre cette bureaucratie de Bruxelles, qui n’est bonne qu’à imposer des normes, sans aucun respect de la souveraineté des peuples. » Le communiste se pose en incarnation de la défense des services publics, qu’il a placés au centre de son discours.
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