La lutte contre les drogues de synthèse va être accrue en France avec un renforcement des pouvoirs des douaniers, le développement d’un algorithme pour scanner les colis et le recrutement de cyberdouaniers, a annoncé, vendredi 17 mai, Thomas Cazenave, le ministre délégué aux comptes publics.
« En vigueur depuis mercredi, nous avons étendu les pouvoirs des douaniers pour saisir, contrôler » les produits « légaux qui peuvent être nécessaires pour créer » les drogues de synthèse, a déclaré M. Cazenave, en déplacement à Marseille.
Alors que les saisies de drogues de synthèse par la douane ont quadruplé en trois ans, il a félicité les agents marseillais pour le démantèlement, en avril, d’un réseau international de prégabaline, devant des sacs de ces comprimés, qui sont d’ordinaire prescrits contre l’épilepsie notamment mais dont l’usage est détourné et que l’on surnomme « drogue du pauvre » en raison de son faible coût. Selon un communiqué du ministère chargé des comptes publics, « les douaniers ont réalisé 1 624 constatations, totalisant plus de 1 500 kilogrammes de produits interceptés », en 2023.
Dispositif « catch all »
Le renforcement des pouvoirs des douaniers correspond à un « enrichissement du dispositif “catch all” [“tout attraper”, en français] », a expliqué le ministre. Cette disposition européenne consiste à effectuer une saisie, dès lors qu’il y a un doute, « même si le produit est légal », a-t-il poursuivi. « On a l’impression que ça va servir à la fabrication de drogues de synthèse ? On saisit. On ne se pose pas la question. »
En outre, les autorités ont commencé à « installer et expérimenter dans les grands centres de fret des scanners intelligents », a expliqué M. Cazenave, car « l’immense majorité de la drogue de synthèse passe par le fret express, fret postal ».
Actuellement, « on développe un nouvel algorithme avec de l’intelligence artificielle pour aller pré-identifier s’il y a des drogues de synthèse dans les colis », a-t-il expliqué, affirmant que l’objectif était de contrôler « 100 % des colis à terme ». Enfin, comme la vente de drogue de synthèse passe par Internet et le « dark Net », le ministre a annoncé l’arrivée de soixante-six cyberdouaniers avant la fin de 2024 dans une unité spécialisée dans la lutte contre la cybercriminalité.