le président William Ruto reçu à Washington en allié privilégié

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Tapis rouge, dîner à la Maison Blanche, rencontre avec le Congrès, détour par le siège Coca-Cola, visite au Pentagone… Le déplacement, de lundi à samedi, de William Ruto aux Etats-Unis – la première visite d’Etat d’un dirigeant africain dans le pays depuis seize ans – confirme le partenariat stratégique noué entre Washington et Nairobi, alors que quelque deux cents membres des forces spéciales de la police kényane sont attendus, jeudi 23 mai, à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti.

Ces hommes formeront le premier contingent de la force internationale d’intervention (2 500 hommes de sept pays au total) déployée sous mandat des Nations unies mais dont l’initiative, l’architecture et le financement sont presque exclusivement américains. La mission, censée rétablir l’ordre au sein du pays caribéen de 11 millions d’habitants, est hautement contestée. Autant en Haïti, où les interventions étrangères n’ont jamais permis de résoudre l’instabilité, qu’à Nairobi, où plusieurs décisions de la justice kényane ont retardé l’envoi des troupes.

Malgré les obstacles judiciaires, le déploiement, à terme, d’un millier de policiers kényans symbolise l’étroite collaboration sécuritaire entre Washington et ce qui est peut-être en train de devenir son plus proche allié en Afrique subsaharienne. Car en se portant volontaire pour diriger cette mission de maintien de la paix à haut risque, Nairobi veut acter son rapprochement avec les partenaires occidentaux.

Soutien financier

« Le Kenya est un partenaire stratégique de longue date sur les questions de lutte contre le terrorisme, essentiellement en Somalie », rappelle Xavier Ichani, professeur de relations internationales au sein de l’université Kenyatta. L’armée américaine dispose d’une base à Lamu, dans le nord du Kenya, d’où elle lance des opérations contre les Chabab, le groupe islamiste somalien affilié à Al-Qaida. « Avec ce déploiement en Haïti, la collaboration sécuritaire s’approfondit », ajoute l’universitaire. En septembre 2023, les deux pays ont signé un accord de défense pour un montant de 100 millions de dollars (92,3 millions d’euros).

Outre le déploiement en Haiti et la guerre contre le terrorisme islamiste, « les Etats-Unis considèrent le Kenya comme un allié politique, plutôt pro-occidental, stable dans une région qui ne l’est pas », indique un diplomate occidental en poste dans la Corne de l’Afrique. Nairobi est le théâtre de nombreuses négociations de paix dans la région – guerre civile en Ethiopie, instabilité dans les Grands Lacs, crise politique au Soudan du Sud. Aussi, dans la guerre d’influence qui l’oppose à la Chine et la Russie, Washington peut compter sur le soutien kényan sur les dossiers israéliens et ukrainiens. Une relation précieuse alors que l’influence militaire américaine en Afrique est en recul, comme en atteste le départ forcé du Niger.

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