la sélection musicale du « Monde Afrique » #182

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Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, place   des artistes inspirés par l’identité, la culture et les combats des minorités dont ils sont issus en Somalie, en Algérie et au Mali.

« Sharaf », de Sahra Halgan

Née en 1972 à Hargeisa, Sahra Halgan est une artiste emblématique du Somaliland, pays de la Corne de l’Afrique ayant proclamé son indépendance de la Somalie en 1991 sans jamais avoir été reconnu par la communauté internationale. Infirmière auprès des combattants du Mouvement national somalien pendant la guerre civile contre le régime du général Siad Barré (1969-1991), elle s’exile ensuite en France, où elle obtient le statut de réfugiée.

A Lyon, elle forme alors un trio avec le percussionniste Aymeric Krol et le guitariste Maël Salètes, entre-temps rejoints par le bassiste Régis Monte. Vendredi 29 mars, le groupe a publié son troisième album, Hiddo Dhawr (« préserve la culture »), qui porte le même nom que le centre culturel que la chanteuse, de retour dans son pays natal, a fondé en 2013 à Hargeisa. Fusion de rock et de chanson somalienne, ce disque est une façon pour elle de poursuivre le combat pour la fierté et la dignité du peuple somalilandais.

« Mazel Mazel », de Syna Awel

Direction la Kabylie, cette région du nord de l’Algérie à l’identité berbère particulièrement affirmée, connue pour sa résistance farouche aux conquérants arabes puis français. C’est là que la chanteuse Syna Awel, portée par l’héritage de ses aïeux amazigh, musiciens et conteurs d’un village de montagne, puise son inspiration.

Après avoir commencé sa carrière à Nice, dans le sud-est de la France, au côté du compositeur brésilien Marcus Cecconi, puis s’être illustrée au sein du groupe Ifriqiyya Electrique, là voilà qui s’apprête à publier, le 26 avril, son premier album sous son nom, simplement intitulé Awel (« la parole », en kabyle). Pour ce disque à la croisée de la musique traditionnelle, du jazz et de la pop, elle s’est entourée du batteur Karim Ziad (Cheb Mami, Khaled…), du multi-instrumentiste David Aubaile (Salif Keïta, Oxmo Puccino…), du bassiste Pierre Bonnet (Gnawa Diffusion) et du percussionniste Rabah Khalfa (Souad Massi, Idir…).

« Mayssasnan Imanine », de Tinariwen

On ne pouvait pas terminer cette sélection musicale sans vous reparler de Tinariwen, dont l’art et l’identité sont indissociables du peuple touareg au territoire éclaté entre le Mali, l’Algérie, la Libye et le Niger. Depuis le début des années 1980, le groupe chante la nostalgie (« assouf », en tamachek, un mot qui désigne aussi leur musique) et porte les revendications des nomades du Sahara à travers ses albums, dont le dernier en date, Amatssou, est sorti en mai 2023… suivi en octobre par une version « deluxe » comprenant quatre nouveaux morceaux.

Parmi ceux-ci figure Mayssasnan Imanine, dont Tinariwen a publié fin janvier une traduction des paroles sur YouTube : « Que peut-il y avoir en moi, si ce n’est la souffrance de mes frères ? Cette souffrance que j’endure, venant de mes ennemis qui vivent sur ma terre… », chantent les sept bluesmen du désert originaires de l’Azawad, dans le nord du Mali, pour certains exilés en Algérie.

Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.

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